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communication, dont le prince de Monaco avait été chargé, nous permettait de croire que cette exception même serait peu durable. Le 7 au soir, après dîner, dans le hall de l’hôtel, on parlait des chances respectives. L’opinion des tiers ne nous était pas défavorable, quand soudain, vers dix heures, un télégramme de presse passa de mains en mains : mis en minorité sur la question des inventaires, le ministère Rouvier venait de donner sa démission.


III

Il était à craindre qu’un tel acte accompli, sans égard aux difficultés extérieures, par une Chambre agonisante, ne provoquât, en Allemagne, des illusions qui se traduiraient à Algésiras par de nouvelles exigences, — non pas peut-être immédiatement, car les positions étaient prises pour les séances qui devaient être tenues le 8 et le 10 mars, — mais par une transition insensible, qui nous ramènerait à l’intransigeance d’antan. Sans doute, nos délégués expliquaient, à leurs collègues incrédules, que la journée parlementaire du 7 serait sans action sur notre politique étrangère. Nos journaux écrivaient : « La séance continue, » et rappelaient que les instructions données à M. Révoil s’appliquaient à l’ensemble du débat. Les pronostics, à l’hôtel Reina Cristina, ne nous en étaient pas moins, par un brusque ressaut, devenus peu favorables.

Néanmoins, par la vitesse acquise les résultats obtenus la semaine précédente parurent d’abord se confirmer. En ce qui concerne la banque, les séances officielles du 8 et du 10 permirent à l’accord de s’établir, au moins en principe, sur la législation, la juridiction, les censeurs et l’assainissement de la monnaie. L’essentiel, il est vrai, c’est-à-dire le nombre des parts à attribuer aux banques françaises dans la constitution du capital, restait à trancher. Mais l’entente, si on la voulait, n’était pas impossible. Les deux séances de comité, consacrées ces mêmes jours à la police, confirmèrent cette impression de sécurité qui ne s’accordait pas avec les craintes provoquées, le 7 au soir, par notre crise ministérielle. Peu de jours auparavant, le marquis Visconti-Venosta, sollicité d’inscrire quelques lignes sur l’album de la comtesse de Tattenbach, avait écrit : Pax hominibus bonæ voluntatis. Il semblait qu’il n’y eût à ce moment que des hommes de