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À ALGÉSIRAS


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LA CRISE DÉCISIVE
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Est-il trop tôt pour parler ? pour dire ce que furent, à l’heure la plus critique, les ressorts cachés du conflit franco-allemand ? pour montrer comment, par le plus dramatique des reviremens, la conférence d’Algésiras, à la veille d’aboutir, fut soudain rejetée en pleines difficultés ? Je ne le crois pas. Nous subissons les inconvéniens d’une publicité poussée jusqu’à l’excès : il est juste d’en recueillir aussi les avantages et de s’expliquer sans réticences sur les affaires du pays. Si l’on ne connaît pas les risques qu’on a courus, on se condamne à ne point profiter de l’expérience qu’ils portent en eux. Il y a un an, les convenances de la discrétion l’emportaient : elles cèdent, avec le temps, aux nécessités de l’histoire.


I

Le samedi matin, 3 mars 1906, les plénipotentiaires à la conférence d’Algésiras quittaient, vers midi et demie, la salle des séances de l’ayuntamiento. Quand les journalistes, qui attendaient au bas de l’escalier blanc et rouge, les virent descendre, ils remarquèrent leur animation. Quelques minutes après, la cause de cette animation était connue. Pour la première fois depuis sept semaines, la conférence avait voté.

Il semble que ce soit, pour une conférence internationale,