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d’agrément. Toujours conformant sa conduite sur les exemples de ses pères, il n’affectait pas d’étaler sa fidélité aux traditions antiques. Ce n’était pas un esprit mobile et inconsistant. Il s’attachait aux lieux et aux objets... Rien en lui de dur ; rien d’irrévérencieux pour personne. Il prenait chaque chose en son lieu, y mettait toute la réflexion nécessaire, comme à loisir, sans se troubler, avec ordre, avec une force persévérante, avec un juste accord dans tous ses mouvemens. C’est bien à lui que s’appliquerait ce qu’on rapporte de Socrate, qu’il fut capable de s’abstenir, et de jouir de la plupart des choses dont la plupart des hommes ne peuvent ni souffrir l’abstinence à cause de leur faiblesse, ni jouir sans en abuser. Se montrer ferme dans l’un et l’autre cas, maître de soi, tempérant, c’est le privilège de l’homme doué d’une âme juste et invincible, et c’est ainsi que nous le vîmes... » Il ne fut pas donné à la France de voir ainsi le Duc de Bourgogne. Mais qui peut nier qu’elle aurait eu chance d’échapper à des commotions redoutables, d’accomplir tous les progrès nécessaires, sans les payer au prix de son équilibre politique, si le Duc de Bourgogne, au lieu d’étaler sur le trône les scandales d’un Louis XV, y eût montré les vertus d’un Antonin le Pieux ou d’un Marc-Aurèle chrétien ?


HAUSSONVILLE.