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s’agit plus d’équité ; la société démolie comme au Xe siècle se reconstitue comme elle peut, et à la fin militairement.

Je tiendrai grand compte de vos observations ; et j’espère que vous me rendrez le service de lire mes deux premiers livres vers février, quand je les aurai achevés et recopiés. Je me livre en ce moment à l’impression des faits ; il n’y a pas d’autre moyen d’écrire ; j’ai devant les yeux des hommes vivans et agissans, je parle comme si j’étais dans la mêlée. Mais je n’imprimerai pas avant de m’être ressaisi, et d’avoir vu l’ensemble avec votre aide. Présentement, je suis persuadé qu’il y avait deux routes également ou presque également ouvertes, et qu’on a pris la mauvaise. Quand je dis également ouvertes, je parle in abstracto ; étant données les circonstances, les passions et les idées, disette, misère du paysan, envie bourgeoise et française, règne du Contrat social, les lois de la Constituante et la culbute finale étaient inévitables. Mais ma discussion a justement pour objet de montrer que les passions et idées susdites étaient malsaines et fausses, et qu’avec plus de bon sens et de bonne volonté, il y avait de quoi mieux faire ; jamais nous ne retrouverons une aristocratie et un clergé aussi bien disposés, et nous pataugeons dans les fondrières de la mauvaise route où, par sottise et envie égalitaire, nos ancêtres nous ont fourvoyés. Sans hésiter, je définis le gouvernement de l’Assemblée Constituante le règne de l’imprévoyance, de la peur, des phrases et de la niaiserie.

Toujours sous correction et après examen, de concert avec vous. En tout cas, quelle que soit ma conviction, je l’écrirai sans marchander les paroles. Ne demandant rien à personne, je me donnerai le luxe de la parfaite sincérité.

À vous, et à bientôt, mon cher et vieil ami.


À Monsieur Emile Boutmy.


Menthon-Saint-Bernard, 22 mai 1877.
Mon cher ami,

Vous m’avez offert vos services pour combler mes lacunes. En voici une pour laquelle je vous demande votre assistance et celle de M. Leroy-Beaulieu.

Il s’agit des perceptions réellement effectuées par le Trésor pendant la Révolution. Je voudrais savoir ce qui a été perçu