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conditions d’ordre général, certains États subordonnent leur acceptation à des avantages particuliers. Ainsi la Grande-Bretagne a obtenu le prolongement, toujours refusé depuis dix ans, de la ligne d’Aïdin jusqu’aux lacs de Bourdour et d’Egherdir, dans une région naturellement riche, mais dépourvue de débouchés. Cette concession a mécontenté les Allemands, qui affectent d’y voir une concurrence à leurs lignes d’Anatolie. A plusieurs reprises, la Deutsche Bank avait voulu profiter des embarras de la Compagnie anglaise pour l’absorber par voie de rachat : elle n’avait pas réussi. Depuis, le réseau d’Aïdin a prospéré. Son extension dans une contrée déjà tributaire de ses rails ne porte aucun préjudice à la ligne de Konia. Mais cet épisode montre les rivalités qui se donnent carrière autour du relèvement des droits de douane et qui retardent la solution. Il semble cependant qu’on soit près d’aboutir. Nul doute, du reste, qu’au besoin la Porte saurait user une fois de plus d’expédient pour gager la seconde section du réseau de Bagdad. Mais qui fournira le capital nécessaire à la construction de ces 200 kilomètres ?

Dès 1899, les représentans de la Deutsche Bank, des Chemins de fer d’Anatolie, de la Banque Ottomane, de la Compagnie de Smyrne-Cassaba, réunis à Berlin, décidèrent que la « Société impériale Ottomane du chemin de fer de Bagdad » resterait distincte de la Société d’Anatolie. Français et Allemands convinrent en outre que les deux pays auraient parts égales dans l’apport des capitaux et dans la direction de l’entreprise. Après la concession définitive, l’entente fut précisée par deux conventions. La première répartissait le capital à raison d’un quart aux Allemands, aux Français et aux Anglais, le dernier quart à la Société d’Anatolie et à divers participans. La proportion ainsi établie entre les groupes financiers devait se retrouver dans le conseil d’administration. Mais lorsque la Société de Bagdad se constitua, elle prit une apparence exclusivement allemande. Mécontens, les Anglais se retirèrent et leur départ fit tomber l’accord.

Un nouveau condominium se forma entre les lignes françaises et allemandes. Le capital serait fourni deux cinquièmes par les Français, autant par les Allemands, et le reste par divers syndicats. Le Conseil d’administration comprendrait onze Allemands, onze Français, et deux représentans des autres groupes. Six administrateurs, trois de chaque nationalité, formeraient un