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dans un pays essentiellement agricole, d’une augmentation du rendement de la terre. Certes, les procédés de culture et d’exploitation sont restés des plus rudimentaires. On voit encore, dans la plaine de Caramanie, les lourds paysans turcs labourant leurs champs avec une pointe de l’er fixée au bout d’un pieu ou même avec un simple soc de bois. Pour les transports, il se servent des « ganlis » de l’antiquité, grossiers chariots à deux roues massives, traînés par des bœufs, et dont le grincement perpétuel fait le désespoir des oreilles trop fines. Mais déjà, dans les gares, on aperçoit des instrumens agricoles perfectionnés : charrues, herses, moissonneuses... La Société d’Anatolie les cède à prix réduit aux agriculteurs qui peu à peu apprennent à s’en servir. Dans la seule province d’Adana, en 1904, l’importation des machines agricoles a atteint près de deux millions de francs : dans cette province, en cinq ans, le commerce a doublé. A Eski-Chéhir, les étrangers, venus pour la construction du chemin de fer, ont introduit la pomme de terre dont la culture a pris une extension remarquable. Le gouvernement fait tous ses efforts pour l’encourager dans la plaine de Konia. Quoique petit, le tubercule est exquis et de cuisson facile. En 1906, on estimait que la superficie des terrains ensemencés était de 50 pour 100 supérieure à celle de l’été précédent.

Chaque année, le vilayet de Konia dirige sur Smyrne des quantités croissantes de céréales. A la gare d’Afioun-Karahissar, les expéditions ont augmenté, en dix ans, dans la proportion de un à vingt. Lhicore faut-il noter que les lignes de Smyrne-Cassaba et d’Anatolie, qui passent toutes deux à Karahissar, ne sont pas soudées. La voie de raccordement existe, mais un rail, soigneusement enlevé, empêche la jonction. C’est la Société d’Anatolie qui s’y oppose. Concessionnaire du port excellent mais peu fréquenté de Haïdar-Pacha, elle attire à Constantinople des marchandises qu’un courant naturel amènerait à Smyrne. Le parcours est ainsi allongé d’une cinquantaine de kilomètres et vient aboutir à la Marmara, mer fermée soumise à des droits de phare exorbitans. Aussi transborde-t-on nombre de sacs à Karahissar, qui vont s’embarquer sur les quais de Smyrne. D’autre part, les files de chameaux porteurs traversent encore de leur pas indolent les gorges du Taurus pour descendre sur Adalia, Mersine ou Sélefké. La vallonée, l’orge, (le blé, vendus jadis sur place à vil prix, ou grevés d’un transport ruineux, trouvent