Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 38.djvu/595

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA LÉGENDE
DE
GIRARD DE ROUSSILLON

II[1]
GIRARD DE ROUSSILLON ET LES ABBAYES
DE POTHIÈRES ET DE VÉZELAY

Les deux seuls textes anciens dont nous disposions, la chanson de Girard de Roussillon, qui est un poème héroïque, la Vie latine du comte Girard, qui est un écrit de couvent, sont deux dérivés, indépendans l’un de l’autre, d’un plus ancien poème perdu. Il va de soi que le pieux auteur de la Vie latine a dû ajouter au poème primitif des épisodes pieux, et le romancier des scènes romanesques : par exemple, au début du poème, l’ambassade de Girard à Constantinople pour y chercher les deux princesses. Mais ce double catalogue de leurs inventions récentes n’est pas ce qui nous intéresse. « Il est incontestable, a fort bien dit M. P. Meyer, que tous les traits que les récits de la chanson renouvelée auront en commun avec la Vie latine devront être considérés comme appartenant originairement au poème primitif, d’où ils seront passés à la fois dans la Vie latine et dans le poème renouvelé. » Attachons-nous donc, avec plus d’application que nos devanciers, à l’examen de ces traits communs : cet effort nous conduira peut-être à une représentation nouvelle de ce que pouvait être le poème primitif.

  1. Voyez la Revue du 15 mars..