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ŒUVRES SOCIALES DES FEMMES

II[1]
LA FAMILLE


I. — L’ENFANT

Les philosophes du XVIIIe siècle ne raisonnaient que sur l’homme « en soi » et, à leur suite, les législateurs de la Révolution ne légifèrent que pour l’homme « en soi, » persuadés que l’homme est dans son essence partout et en tout temps le même, qu’il soit Européen ou Asiatique, contemporain de Louis XVI, de Charlemagne ou d’Auguste. Ce qu’ils ont fait a montré quelle était leur erreur. Aujourd’hui où les novateurs poussent à sa dernière limite la doctrine de l’individualisme, s’ils ne considèrent plus l’homme en soi, ils considèrent en tout cas l’homme délivré de ses devoirs : ils ne cherchent qu’à multiplier ses droits. Les droits de l’individu priment à leurs yeux les droits de la collectivité, et l’intérêt, particulier dépasse l’intérêt général. Or, en accroissant les droits de l’individu, on diminue nécessairement ceux de la famille : les uns s’étendent au détriment des autres. Diminuer les droits de la famille, c’est affaiblir la famille. Or, l’histoire des nations enseigne d’une façon irréfutable que la famille est la base même de toute société solidement constituée, et qu’elle en est, comme on le dit dans un langage scientifique, la cellule primordiale. Affaiblir la famille, c’est donc affaiblir la société. L’année dernière même, des écrivains, des politiciens, des avocats entreprenaient une campagne contre les lois qui

  1. Voyez la Revue du 1er février.