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UN SIÈCLE
DE
POÉSIE AMÉRICAINE


J. C. Stedman : An American Antholoy, 1787-1900.


Il y a abondance de documens dans le volume de M. Stedman, l’Anthologie américaine. Le fait que son auteur ne relève pas moins de cinq ou six cents noms de poètes indique suffisamment la foi qu’il a dans l’existence d’une poésie nationale aux États-Unis. Cependant M. Stedman ouvre sa préface par ce mot d’excuse : « Le lecteur comprend que ce livre ne se présente pas comme un trésor de poèmes qui soient tous dignes de survivre. » Nous sommes, bien plutôt, en face d’une suite d’exemples qui ont été choisis pour illustrer l’histoire de la poésie en Amérique au cours du siècle dernier. En tête du recueil, un frontispice groupe les portraits de ceux que M. Stedman considère comme les plus éminens poètes de son pays : Whittier, Bryant, Longfellow, Holmes, Emerson, Whitman. C’est, autant dire, une assemblée de vieillards. Les barbes sont blanches, les crânes largement dégarnis ; les fronts élevés annoncent la résolution ; sous les sourcils saillans, les yeux sont placides. Ces consciences vivent en paix. On le sent, ces hommes ont dominé la vie du haut de leurs principes rigides. Une traînée de flamme traverse cette constellation d’astres immobiles : Edgar Poë éclate parmi eux comme une comète ardente. Quel contraste entre les autres figures et cette face