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Á PROPOS D’UN MOT LATIN

CCOMMENT LES ROMAINS ONT CONNU L’HUMANITÉ[1]


II

On n’avait pas perdu, chez les Romains, le souvenir de la société de Scipion Emilien, mais on en a assez peu parlé. Outre qu’en général l’histoire se tient volontiers sur les hauteurs, et n’aime pas à en descendre, chez les peuples antiques la vie extérieure avait tant d’importance qu’ils ne sont guère occupés que de ce qui se passait sur la place publique. Il ne nous est donc pas facile, après tant de siècles, de pénétrer dans une maison privée. Il faut l’essayer pourtant, et, avec les quelques renseignemens qui nous restent, prendre quelque idée de ce qu’on y pouvait faire et tâcher de connaître les personnes qui s’y réunissaient.

Nous y rencontrons d’abord deux poètes qui comptent parmi les plus illustres de Rome, Térence et Lucilius. Les satires de Lucilius sont presque entièrement perdues, et, par un fâcheux hasard, dans les fragmens que nous en avons conservés, il est peu question de Scipion et de ses amis, quoiqu’il les eût beaucoup fréquentés. Avec Térence, nous sommes plus heureux. Nous savons qu’il était lié avec eux dès le début de sa carrière, et l’on peut croire qu’ils sont intervenus en sa faveur à propos

  1. Voyez la Revue du 15 décembre.