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pas assez dire, elles le doivent, car il faut que ces édifices soient en bon état de conservation pour que les fidèles puissent s’y réunir sans danger. Si une pierre menace de se détacher du plafond et de tomber dans la nef ; si les carreaux d’une fenêtre sont cassés et s’il fait froid au dehors ; si les dalles sont défoncées et s’il se forme des fondrières, qui fera les réparations indispensables ? La commune, sans nul doute ; mais elle peut y mettre de la mauvaise volonté ; elle peut aussi manquer de ressources ; elle peut être pauvre. Cela se voit souvent. Alors l’État devra venir à son aide et lui apporter un concours pécuniaire : et voilà le budget des Cultes indirectement rétabli. La question est en quelque sorte aux prises avec des principes contradictoires. Un article de la loi a, en effet, garanti aux catholiques la publicité et la liberté du culte ; mais un autre a interdit au gouvernement, aux départemens et aux communes de subvenir d’une manière quelconque aux frais du culte, et les dépenses d’entretien des églises sont une subvention à peine déguisée. Que faire ? On fera, on prépare une loi nouvelle : M. le ministre des Cultes l’a annoncé, et ce sera encore une loi que l’attitude du Pape aura rendue nécessaire. Le gouvernement sentira-t-il enfin que sa situation, en tout cela, est un peu ridicule ? Il est vrai que la Déclaration des évêques lui permet, s’il le veut, de s’en tirer en sauvant la face, c’est-à-dire honorablement.

Peut-être aussi en sortira-t-il à la longue, à force de faire des lois que le Pape lui inspirera ou lui imposera de loin, à force de supprimer dans nos codes les dispositions qui gênent l’Église et de reprendre à son compte une partie des charges dont il avait cru pouvoir se débarrasser. Mais assurément il y aurait mieux à faire, et plus court, et plus simple, et cela est si vrai que la pensée paraît en être venue à l’homme qui semblait devoir y être le plus réfractaire, à M. Emile Combes lui-même. Il a publié dans la Nouvelle Presse Libre de Vienne deux articles qui ont fait quelque bruit. Alors que tant d’autres critiquaient l’attitude de Pie X et n’y voyaient qu’étroitesse d’esprit et obstination, M. Combes a déclaré que lui, qui est théologien, comprenait parfaitement le Saint-Père et même qu’il l’approuvait. « Le refus de Pie X d’adhérer à l’organisation des associations cultuelles prescrites par la loi de 1905 dérive, dit-il, de la conscience de ses devoirs envers son Église. C’est puérilité de le qualifier d’entêtement, de le mettre sur le compte du caractère de l’homme, quand l’homme lui-même est dominé et conduit par une doctrine non moins immuable qu’irrésistible. Répétons-le, l’intransigeance du Pape