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dans le domaine temporel ? Le Saint-Siège devait organiser des quêtes mondiales au moyen desquelles il pourvoirait facilement aux besoins de notre Église. Tout ce mirage s’est dissipé, heureusement ou malheureusement, suivant les points de vue où on se place. Nous pensons, quant à nous, que le clergé français n’aurait pas gagné en popularité s’il avait été notoirement entretenu par les dons de l’étranger. Mais ces dons eux-mêmes étaient peu vraisemblables. Si on la compare aux autres pays catholiques, la France a toujours été le plus généreux de tous dans les œuvres religieuses qui vivent de subventions internationales : comment, par un subit renversement des rôles, recevrait-elle désormais au lieu de donner ? Évidemment elle donnera moins aux autres, puisque la source qui coulait au dehors devra alimenter les œuvres du dedans. Elle y suffira sans doute. Mais comment l’Église de France s’y prendra-t-elle pour se procurer les ressources qui lui sont indispensables ? On a hâte de le savoir. Déjà le cardinal archevêque de Paris a créé une institution qui peut servir de canevas et presque de modèle. Il ne s’agit pas ici d’associations : les curés s’adressent directement à la générosité des fidèles et réunissent des sommes qui seront affectées, pour partie aux besoins locaux, pour partie aux besoins généraux. On fera une caisse diocésaine, et même des caisses interdiocésaines. Nous nous en tiendrons pour aujourd’hui à ces indications sommaires, qui auront besoin par la suite d’être développées et précisées.

Une autre question, non moins grave et non moins générale, s’impose à l’attention de nos évêques : quelle sera l’attitude de l’Église de France à l’égard de la loi nouvelle ? On sait ce que nous pensons de cette loi. Elle soulève beaucoup d’objections et de critiques ; mais avec la Chambre actuelle, avec le ministère d’aujourd’hui ou celui de demain, est-il permis d’attendre mieux ? Plus on légiférera sur le culte, plus la situation s’aggravera. Aussi avons-nous été effrayés en entendant M. Briand annoncer qu’après la dernière loi on en ferait d’autres, et qu’on retoucherait l’œuvre législative jusqu’à ce qu’elle fût à souhait. Les radicaux et les socialistes ont applaudi la déclaration du ministre, dans laquelle ils voyaient une promesse : nous y avons vu un sujet d’inquiétude. Nous en sommes déjà à la seconde loi cultuelle. Elle a pour intention, ou pour prétention, si on préfère, d’assurer l’exercice du culte par quatre systèmes différens. Prenons pour sincère l’affirmation du gouvernement qu’il a voulu garantir la liberté et la publicité du culte. Pour cela, que fait-il ? Il laisse les églises ouvertes, et il en attribue, dans certaines