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Gros, joignit à sa fermeté une dignité très remarquable. Lord Elgin pour l’Angleterre, le prince de Hong, représentant de l’empereur de Chine, signèrent, le 25 octobre 1860, la convention de Pékin.

Les cimetières, les églises furent rendus aux catholiques, dans cette ville de Pékin, ennemie irréductible, et au milieu d’une population foncièrement hostile aux Européens, le chant du Te Deum se fit entendre dans la cathédrale. Nous y avons tous assisté avec un bonheur, une fierté qui se pressentent plus qu’ils ne s’expriment. C’est une vraie gloire française, mais la vieille haine de l’ennemi se retrouvera, toujours, toujours : l’avenir le prouvera.

L’armée et la flotte anglaises se séparèrent de notre armée et de notre flotte. Nos forces se divisèrent en deux escadres. La première commandée par le vice-amiral Protet resta en Chine pour le maintien des conventions.

La seconde devint le corps expéditionnaire de Cochinchine sous l’autorité supérieure, — et générale, — de l’amiral Charner Le vice-amiral Page eut le commandement de la flottille et mit son pavillon sur la Renommée. Je vis à l’ombre de ses plis, moi, chétif aspirant, en passe de devenir quelqu’un, de faire quelque chose pour mon pays, de l’honorer !…

Tout est prévu, ordonné. Aucune hésitation dans le plan, aucune confusion dans les services. Sans irrésolution on peut aller de l’avant et… vaincre.

Si je n’étais venu ici que pour apprendre mon métier, ce serait déjà une belle avance. La valeur de mes chefs, la précision de leur parole, leur sang-froid donnent confiance et m’en imposent. Vous en jugez, j’ai le feu sacré… et je ne puis voir sans admiration nos officiers donner des ordres sages et sûrs, régner par leur autorité, leur capacité, le beau dédain de leur existence, tout entière soumise au devoir. J’ai eu, avec M. de Surville, une conversation qui me prouve sa valeur, l’élévation de son âme, la hauteur de ses vues.

Autour de moi des officiers de vaisseau plus jeunes, parmi lesquels La Roncière que vous connaissez[1], combien d’autres ! Il faudra valoir ce qu’ils valent, devenir ce qu’ils sont. Vivent la France et la marine !

  1. Je ne sais si c’est bien ce nom-là.