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terre, d’un rouge de brique : couleur de la sécheresse et de la guerre ; seulement l’ondulation des longues collines, chatoyant de lumière, maintiennent le paysage dans une domination constante de douceur. Les arbres ont disparu : en ce pays de pluies diluviennes, les rizières sont seules à rappeler les nuances de la verdure ; les touffes de jonc qui hérissent la boue des marécages sont d’un brun métallique ; quelquefois, au milieu des savanes grillées se trouent, comme des mares de feuillages, les levakas, fossés humides remplis par des bouquets d’arbres ; toujours, toute l’année, c’est l’herbe vivace qui velouté avec des tons de sécheresse fauve les dos des collines. Il passe de grands souffles de l’alizé glacial sur ces étendues rases où, régulier et violent, il a laissé son empreinte dans l’éraillement symétrique du sol, dans l’égueulement des volcans, dans l’orientation des maisons, dans la direction des sentiers, sur les arbres tordus et crispés, forçant la végétation arborescente à se blottir sur les pentes abritées contre l’Est. Le déroulement un peu tremblant des lignes nues sur le ciel donne froid, tandis qu’au-dessous la terre, avec tous ses tons de poterie cuite, semble continuellement ardente.

Le village hova est rouge.

C’est dans ces paysages de terre de Sienne empourprée que s’est élevée au soleil la case hova, pétrie comme une poterie avec la boue du sol. Elle n’a pas la poésie de nid de la case tanala, couleur de feuille dans la clairière, ou du bourg betsimisare enveloppé de bananiers. Construite en pisé rouge, parfois mauve (vers Fenoarive), plus haute que large avec un petit balcon gris de la teinte de son chaume et un toit pointu, elle jaillit droit du sol qui l’a produite. Elle est le centre d’une immense muraille de terre qui s’arrondit autour d’elle, suivant souvent l’inclinaison d’un mamelon, enfermant parfois un verger de manguiers. L’instinct hova, qui est de posséder et de défendre aussitôt sa propriété, se marque puissamment à cet aspect féodal de forteresse que prend sa maison dans sa ceinture craquelée au soleil comme des ruines mexicaines avec des touffes d’aloès piqués à la base et déchirée en créneaux sur le ciel.

Quand les maisons se groupent en village, la propriété commune s’entoure d’un double rang de fossés où pousse une végétation rebroussée, au niveau du sol, selon la direction du vent, et où le soleil brille dans des feuilles mortes. La petite cité se