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Chambres. Le 11, le ministère, sous forme de message du gouverneur général, invita de nouveau le Parlement à supprimer les clauses rétablies. La Chambre obtempéra à cette requête, qui fut aussitôt rejetée par le Sénat. Alors, la Chambre revenant une troisième fois sur son vote, rétablit les clauses supprimées, et le bill fut remis au gouverneur général pour approbation. Il va sans dire que ce projet a été « réservé » à l’assentiment du gouvernement britannique lui-même, lequel aura le regret de ne le pouvoir donner, puisqu’on l’a mis dans l’impossibilité de le faire.

Le lendemain, 12 octobre, la dernière session de la seconde législature fédérale a été close.

Cette anecdote renseigne mieux que de longs développemens sur la physionomie du Parlement fédéral. Elle permet aussi d’apprécier combien indécis est le sentiment public en Australie à l’égard de la politique d’union plus étroite avec la métropole.


IX

On devine que les réclamations des puissances étrangères ont dû être la cause la plus fréquente des difficultés que le gouvernement britannique a eues avec l’Australie fédérée ou à cause d’elle. Pour ne point désobliger le gouvernement du Commonwealth et surtout ne pas ébranler le sentiment impérialiste prompt à s’aigrir dès que la mère patrie semble mesurer ses complaisances, il a fallu écarter des plaintes qui paraissaient fondées, contester les interprétations admises jusqu’alors, et recourir à des subtilités d’argumentation trop ingénieuses. Ces contestations réitérées, mal ou point résolues, ont presque toutes été causées par l’influence du parti socialiste sur le gouvernement du Commonwealth. Quand celui-ci pourra s’en dégager, on trouvera encore en Australie une regrettable tendance antiforeign, mais les manifestations de cet état d’esprit perdront rapidement le caractère fantaisiste qui est le défaut capital de la législation australienne et de ses modes d’application, en ce qui touche aux intérêts étrangers. Beaucoup d’hommes politiques australiens souhaitent qu’une conception plus large de la vie nationale, s’harmonisant avec les qualités hospitalières de la population, s’impose dans le gouvernement du pays.

La responsabilité morale du labour party ne s’étend pas à la