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consentement des États, les dettes contractées par ceux-ci depuis l’établissement de la Fédération.

Il convient, à ce propos, de remarquer que le texte de la Constitution accumule connue à plaisir les précautions qui peuvent en rendre la révision plus difficile. Cela est également inexplicable. L’accord n’ayant pu être réalisé qu’au prix de concessions réciproques longuement débattues, et sur le mérite desquelles l’expérience seule pourrait se prononcer, le résultat de ces laborieuses discussions ne se présentait pas comme une œuvre définitive. Au surplus, en admettant la Constitution australienne du premier coup parfaite, elle eût quand même réclamé un peu d’élasticité, puisqu’elle devait se plier aux conséquences de l’évolution économique et politique d’une nation jeune, incertaine encore de ses destinées.


VIII

Le gouvernement anglais n’intervenant jamais dans les affaires intérieures australiennes, et l’Australie ne sollicitant jamais cette intervention, on pourrait croire que les relations entre le gouvernement du Commonwealth et celui de la métropole se bornent à des échanges de courtoisies. Ces relations, il est vrai, sont courtoises, mais il s’en faut de beaucoup qu’elles soient de pure forme, parce que l’Australie n’imite pas, dans ses relations avec la mère patrie, la réserve de celle-ci ; elle est, au contraire, en matière politique, extrêmement « interventionniste, » et semble avoir pris au sérieux l’originale définition que l’abbé Galiani, il y a cent cinquante ans, donnait de la liberté : le droit de nous mêler de ce qui ne nous regarde pas. Le point de départ australien est que l’Angleterre est « une portion » de l’empire britannique, un peu plus importante que les autres, et tout de même sur le pied d’égalité avec elles. Peut-être sera-t-il difficile de faire accepter à Londres cette manière de voir autant que les colonies ne seront pas en état de couvrir elles-mêmes leurs emprunts et de pourvoira leur propre défense ; ce n’est pas même là la conception australienne. Comme la Grande-Bretagne jouit encore du privilège de gouverner la politique générale de l’Empire, l’Australie juge et critique cette politique, et considère de son droit de signifier ses jugemens, de