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intérêts particuliers. Aussi chacun d’eux accentue la tendance à se retrancher derrière « ses droits, » à mesure que le Parlement du Commonwealth s’avance dans la voie des faveurs accordées à telle ou telle industrie.

La question du rachat, par le gouvernement fédéral, des dettes des États, a fait ressortir un autre défaut dans la rédaction du pacte d’union. En stipulant (Art. 105) cette faculté de rachat, dont il est superflu de démontrer l’utilité, la Constitution n’en a autorisé l’exercice qu’à l’égard des dettes existant lors de l’établissement du Commonwealth. C’était sans doute dans la pensée que l’un des premiers soins du gouvernement fédéral serait de procéder à cette opération, ainsi que, dans les mêmes circonstances, on avait fait au Canada. Mais les dettes des États canadiens, quand le Dominion a été constitué, ne s’élevaient qu’à une vingtaine de millions de livres sterling, tandis que celles des États australiens formaient, en 1901, un total de 200 millions de livres sterling (5 milliards de francs), et le gouvernement fédéral n’était pas préparé, à ses débuts, à traiter une aussi grosse affaire. Les États australiens, depuis cette époque, ont encore emprunté près de 40 millions de livres. On a dû reconnaître qu’il était presque indispensable d’inclure ce complément de dettes dans le rachat. Il y avait au moins un avantage certain à les faire profiter de la conversion en Australian Consols, — valeur qu’on se proposait de créer.

La prospérité générale, conséquence des superbes récoltes des dernières années, et surtout l’approche de la fin de la législature, période pendant laquelle tous les gouvernemens éprouvent le besoin de « faire quelque chose, » encouragèrent le ministre des Finances à présenter, en juillet dernier, un projet de rachat. Il comprenait l’ensemble des dettes jusqu’en juin 1905, s’élevant au chiffre respectable de 236 680 739 livres sterling, portant intérêt de 8 millions et demi de livres sterling, en nombres ronds, et par conséquent, impliquait la nécessité d’un amendement à la Constitution. Or, la procédure de révision exige que tout amendement soit adopté à la majorité absolue dans chaque Chambre. Cette majorité se rencontra à la Chambre des représentans, mais non au Sénat. Le rachat des dettes des États fut donc ajourné, et c’est le nouveau Parlement qui devra résoudre cet important problème. On ne devine pas pour quels motifs la Constitution a refusé au Commonwealth la faculté de racheter, avec le