Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 36.djvu/312

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le gouvernement fédéral conteste cette prétention. D’après lui, l’article 125 seul est à considérer. Dans cet article, les mots « Seat of government » signifient « la capitale, » autrement dit le territoire où elle devra s’élever et par conséquent, c’est au Parlement fédéral à choisir ce territoire. Si la Nouvelle-Galles du Sud n’agrée pas ce choix, on verra s’il est possible d’en proposer un autre ; et, en attendant qu’un accord s’établisse, le gouvernement restera à Melbourne : Beati possidentes.

Pour donner à cette interprétation l’autorité du fait accompli, ou du moins officiel, le Parlement fédéral vota, en 1904, une loi décidant que la capitale serait en un lieu nommé Dalgety, situé à 300 milles de Sydney, et que le territoire environnant, d’une superficie, non de 100 milles carrés, mais de 900 milles carrés, s’étendant jusqu’à la frontière de Victoria et ayant, d’autre part, accès à la mer, serait cédé par le gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud à celui du Commonwealth. Cette décision fut considérée à Sydnev comme un acte hostile. Le Parlement de l’État, d’accord avec le ministère, s’opposa à toute négociation sur de pareilles bases, et l’affaire fut ajournée de nouveau. À Melbourne, on n’en demandait pas davantage ; la manœuvre avait réussi.

Cependant, les relations entre les deux gouvernemens se tendaient de plus en plus. En août 1905, le premier ministre de la Nouvelle-Galles du Sud, après d’inutiles pourparlers, suggéra au gouvernement fédéral de soumettre à la Haute Cour l’interprétation de l’article 125. On lui répondit qu’on allait examiner la question. En novembre, les choses étant toujours au même point, nouvelle démarche dans le même sens ; même réponse. Enfin en décembre, sur la proposition du gouvernement, les deux Chambres de la Nouvelle-Galles du Sud adoptèrent, presque unanimement, une résolution « exprimant le profond mécontentement de la façon dont les droits des États étaient considérés au Parlement fédéral, notamment au sujet de la question de la capitale, » et on commença à parler de sécession.

Grâce aux assurances de bonne volonté du ministère fédéral actuel, cette effervescence s’est un peu calmée. Le gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud a d’ailleurs toujours hésité à présenter une proposition ferme, car les compétitions entre divers districts de cet État sont vives et pressantes ; aussi le gouvernement local aimerait à n’avoir pas l’entière