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l’Australie est sensiblement plus marquée que celle dont jouit le Canada[1].

Sans nous attarder à cet examen, rappelons que le gouverneur général, représentant du gouvernement britannique, mais rétribué sur le budget local, remplit dans les colonies autonomes une double fonction. Il est, d’une part, le canal des rapports officiels entre le Colonial Office et les autorités fédérales ; et d’autre part, comme chef du pouvoir exécutif, il est le régulateur de la machine parlementaire. Ces dernières attributions ne comportent pas de responsabilité, car le gouverneur général ne peut prendre de décision que in council, c’est-à-dire avec l’avis favorable du Conseil des ministres. Dans la pratique, soit qu’il préside ce Conseil ou se dispense d’y paraître, ce n’est pas en sa présence que les questions sérieuses sont discutées et les résolutions adoptées. Le rôle politique du gouverneur général, sauf le cas de crise ministérielle, se borne à signer ce qu’on lui présente. Si le ministère vient à démissionner, il est tenu par un usage impératif de faire appeler le chef de l’opposition et n’intervient pas dans les négociations qui précèdent la formation du nouveau cabinet. La seule prérogative qu’il puisse librement exercer dans ces circonstances est d’accorder ou de refuser au premier ministre, s’il la demande, la dissolution de la Chambre des représentais.

Lorsque le gouvernement britannique désire se mettre en rapport avec les gouvernemens des colonies autonomes pour discuter avec eux des questions importantes, le rôle d’intermédiaire des gouverneurs généraux disparaît. Le Colonial Office traite ces affaires directement et verbalement avec les premiers ministres coloniaux. C’est ainsi qu’eut lieu à Londres, en 1902, une conférence présidée par M. Chamberlain, ministre des Colonies, où furent examinées les relations politiques et commerciales entre les diverses parties de l’Empire, ainsi que l’organisation future de sa défense. Aucun des gouverneurs généraux et gouverneurs n’était présent ni représenté à cette réunion dont les débats durèrent plus de deux mois, sans résultat appréciable, d’ailleurs. Une conférence analogue devait être convoquée cette année. Le changement de gouvernement qui eut lieu en Angleterre l’a fait ajourner au printemps prochain.

  1. Voyez A Comparison between the federal Constitutions of Canada and Australia, par R. C. Teece. Sydney, 1902.