Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 36.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Voilà bien la psychologie de la fraude inconsciente.

En somme, pour les apports lointains comme pour la télépathie et la prémonition, la preuve scientifique n’est pas encore faite de leur existence.


Matérialisations. — Je comprends sous ce titre tous les phénomènes lumineux et apparitions de fantômes provoqués par des médiums, et les expériences correspondantes, telles que photographies, empreintes ou moulages de ces spectres. Après l’étude de l’extériorisation de la force motrice, c’est l’étude de l’extériorisation et de l’objectivation de la force psychique.

Car, il faut le bien souligner, je ne rouvre pas la discussion du spiritisme. La question est autre. L’effondrement du spiritisme (théorie) ne préjuge en rien la question des matérialisations de fantôme (fait). Si le fait est, un jour, démontré, il ne prouvera nullement la réincarnation des esprits, mais uniquement une objectivation de la pensée du médium, aboutissant à un objet capable d’impressionner nos sens et la plaque photographique. Avec cette théorie, qui était celle de Lombroso et de Mac Nab, et paraît être celle de MM. Richet, Segard, Maxwell… on ne peut plus objecter aux fantômes la coupe et la forme de leurs vêtemens, la langue qu’ils parlent, la mentalité qu’ils accusent. Tout cela n’est que l’expression du psychisme du médium. En d’autres termes, en discutant la réalité de l’existence de ces matérialisations, nous ne nous servirons d’aucun des argumens déjà présentés contre le spiritisme.

Les phénomènes lumineux ont été observés par beaucoup d’auteurs. Dans certaines conditions spéciales d’expérimentation, M. Maxwell a constaté, à l’état physiologique, des effluves lumineux entre les extrémités des doigts, rapprochés, puis détachés. Cette « sorte de buée grisaille » était une vue colorée pour les personnes douées de facultés psychiques. Il arrive quelquefois, continue le même auteur, « que ce n’est plus l’effluve qui s’aperçoit, mais que la main devienne, en apparence, phosphorescente. » Sur le corsage d’Eusapia il a vu flotter « de grosses gouttes phosphorescentes. » Dans toutes les expériences bien réussies, Mac Nab a observé « la formation de points lumineux ressemblant à des feux follets ; » ils « se déplacent comme de petites comètes, courent les uns après les autres comme des papillons. »