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et peu après (juillet 1906) on apprenait, non sans quelque étonnement, par tous les grands journaux quotidiens (L’Éclair de Paris, le Matin) que M. Gayet, l’infatigable explorateur d’Antinoë, en ayant rapporté la momie dorée d’une favorite d’Antinoüs, avait confié à un psychomètre une bague trouvée dans ce tombeau afin d’être mieux fixé sur la vie de cette bacchante et de connaître son nom : Arteminisia.


La question reste donc à l’ordre du jour et les faits s’accumulent constamment. J’estime cependant que, malgré cette énorme et envahissante documentation, la preuve scientifique de la télépathie n’est pas encore faite.

D’abord, pour bien déblayer le terrain et limiter le problème, il faut rappeler que les travaux modernes sur le psychisme inconscient et involontaire ou inférieur ont expliqué et par suite désocculté beaucoup de ces phénomènes. Ainsi, si, comme je le crois, il existe de vrais sourciers, — c’est-à-dire des personnes qui ont une aptitude spéciale pour découvrir des sources, — ceci n’a rien de merveilleux ni d’occulte, même quand, sans le vouloir et sans le savoir, ils font tourner leur baguette de coudrier. De même, pour des recherches différentes, certains sujets ont un flair que d’autres n’ont pas et trouvent mieux que d’autres. De plus, dans notre mémoire inconsciente ou inférieure se déposent bien des notions, dont nous ignorons l’origine et qui peuvent, à un certain moment, nous donner l’illusion d’une découverte ou d’une révélation. Maury voit en rêve, plusieurs jours de suite, « un certain monsieur à cravate blanche, à chapeau à larges bords, d’une physionomie particulière et ayant dans sa tournure quelque chose d’un Anglo-Américain. » Ce monsieur lui est absolument inconnu. Mais plus tard il le rencontre, absolument tel que dans un quartier où il était allé souvent avant son rêve et où il l’avait certainement vu, sans s’en rendre compte. Voilà qui donne au rêve l’apparence d’une divination ou d’une prémonition, alors qu’en réalité il s’agit seulement d’une résurrection des impressions inconsciemment reçues et emmagasinées.

Une explication du même genre ne peut-elle pas être admise pour l’observation suivante de M. Maxwell ? une dame regarde dans le cristal et y voit la figure d’un petit chien qui lui était absolument inconnu. Quelque temps après, à son grand étonnement, on lui fait cadeau d’un petit chien pareil à celui qu’elle