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Si ces phénomènes existent vraiment, ils ont leur déterminisme. Ce déterminisme est complexe, encore inconnu ; mais il existe, si les faits existent. Il ne faut donc pas désespérer de le découvrir. En tous cas, on a le droit de le rechercher.

Pour expliquer cette impossibilité actuelle d’expérimenter sur ces phénomènes M. Maxwell dit : « La matière vivante ne réagit pas comme la matière inorganique ou comme les substances chimiques. » Rien de plus juste ! Mais il y a bien des phénomènes biologiques dont on connaît le déterminisme. Toute la physiologie est bien fondée sur l’expérimentation. Le déterminisme biologique est évidemment beaucoup plus complexe et par suite plus difficile à analyser que le déterminisme physico-chimique ; mais il n’est pas inaccessible aux procédés d’étude de la science positive. Même, parmi les phénomènes biologiques, les phénomènes psychiques, qui sont encore beaucoup plus complexes, peuvent être scientifiquement étudiés. Papus oppose, par les caractères indiqués plus haut, le fait psychique au fait scientifique. Ce n’est exact que si on fait du mot psychique un synonyme d’occulte. On peut dire qu’il y a aujourd’hui une étude expérimentale et scientifique du psychisme.

D’ailleurs, ce qui s’est passé pour l’ancien occultisme, pour les phénomènes, autrefois occultes, aujourd’hui « désaffectés, » est singulièrement instructif. Pour l’hypnotisme, pour les tables tournantes, il faut bien un sujet, un médium et cependant on est arrivé à en connaître le déterminisme expérimental et à les faire entrer dans la science positive.

En tous cas, il ne faut se lasser de le redire, parce que là est le nœud de la question, l’existence des phénomènes occultes ne sera scientifiquement et définitivement établie que quand on aura fait pour eux ce que Charcot et le professeur Bernheim ont fait pour l’hypnotisme, quand on en aura fixé le déterminisme. Il y a trois ou quatre ans, M. Charles Richet m’écrivait : « J’ai par devers moi, depuis quelques mois, quelques faits qui me semblent défier toute critique. Ils n’ont qu’un tort, c’est d’être non répétables et uniques, de sorte que ce n’est pas encore le moment scientifique et je ne les publie pas. » On ne saurait mieux dire. Il faut arriver à la constatation du fait scientifiquement répétable. Jusque-là, il n’y a rien de fait.

Une autre difficulté, grave entre toutes, vient encore dé-