Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 35.djvu/890

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

observations faites au cours de ces dernières études, des accroissemens notables.

C’est surtout vers la place de l’Etoile, vers la Porte Maillot, à Neuilly, à Passy, au Trocadéro, puis du côté des boulevards Saint-Jacques et de Vaugirard, qu’on rencontre le calcaire grossier. Attaqué d’habitude par ses régions supérieures, il offre à l’étude la portion de son épaisseur qui est ordinairement désignée sous le nom de « caillasses, » et nulle formation géologique ne renferme plus de détails curieux, plus de faits difficiles à interpréter ; nul terrain n’est plus riche en argumens favorables à la constatation des incessantes modifications des couches du sol par des phénomènes souterrains.

Dans les caillasses, en effet, on rencontre à chaque pas de ces produits singuliers que nous citions plus haut sous les qualifications de pseudomorphoses et d’épigénies. Ce sont des minéraux qui, à la composition chimique d’une espèce donnée, associent la forme cristalline d’une espèce toute différente : par exemple du cristal de roche ayant la forme du calcaire.

Il y a, parmi ces accidens minéralogiques, des productions qui sont d’autant plus intéressantes qu’elles nous font rencontrer, en pleine masse de terrains très récens, des cristaux qu’on est plutôt habitué à recueillir dans des formations où, comme dans les filons métallifères, d’énergiques réactions semblent être intervenues. Nos caillasses parisiennes présentent en effet, et parfois en abondance, de la « fluorine, » qui est une des gangues les plus ordinaires des minerais de plomb et aussi de la célestine qui nous remet en mémoire les trouvailles faites récemment dans le sol de la place de la République. Parmi les détails les plus frappans et aussi les plus vulgaires des caillasses, il faut citer des lits entiers de sables dont chaque grain, parfois gros de plus d’un centimètre, est formé d’un cristal de roche parfait dans sa forme et limpide comme ces « cailloux du Rhin » dont on ne dédaigne pas toujours de faire des parures.

Que s’est-il passé dans les assises parisiennes, bien postérieurement d’ailleurs à leur dépôt, pour qu’une semblable collection d’espèces cristallisées, si variées dans leur composition, ait pu y prendre naissance ? Évidemment des phénomènes compliqués dérivant de la circulation lente de dissolution prodigieusement diluée de matériaux, contractant entre eux et défaisant les associations les plus diverses.