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Des expositions, si intéressantes, que l’Algérie et la Tunisie ont installées dans deux palais charmans, il faudrait, pour sortir des banalités, parler trop longuement pour que nous puissions le faire ici ; nous n’en voulons retenir qu’un seul enseignement positif. L’activité économique de l’Afrique du nord est si étroitement mêlée à celle de la métropole que, pour faire ressortir cette liaison intime, il faudrait passer en revue toutes les branches de l’activité métropolitaine et coloniale. Il suffit de citer un chiffre : le commerce de la France avec l’Algérie, qui était, en 1834, de 5 millions de francs, était, en 1905, de 589 millions. Ajoutons-y le commerce de la France-Algérie avec la Tunisie : 102 669 000 francs en 1904, et nous arrivons à cette constatation d’une importance capitale : la France fait, avec ses colonies de l’Afrique du Nord un commerce qui atteint 700 millions de francs ; un nombre toujours croissant de ses nationaux s’y fixent et s’y enrichissent ; des capitaux considérables y fructifient ; la vie algérienne et tunisienne, tout en gardant son originalité et son autonomie partielle, n’a jamais été plus étroitement mêlée à la vie économique de la métropole.


VII

Ainsi Marseille, à une époque bien choisie, où les résultats de plusieurs années de labeur et d’essais commençaient à se dessiner, donne à la France une synthèse de son essor colonial ; elle lui en retrace l’histoire et les péripéties et lui en met sous les yeux les bénéfices matériels et les avantages de toute nature. Elle a réuni chez elle toutes les colonies et elle les a conviées à dire leurs succès, leurs espérances, leurs besoins. Rarement spectacle plus réconfortant a été offert à une nation, et j’imagine que, s’il reste encore des adversaires de toute colonisation, la constatation d’un pareil succès serait de nature à les convertir, si l’évidence elle-même ne trouvait toujours des incrédules. Colonies de fonctionnaires, colonies sans colons, s’en va-t-on encore volontiers répétant, comme si, durant la période d’organisation et de mise en valeur, les bons fonctionnaires n’étaient pas les premiers et les plus nécessaires artisans du succès et comme si, dans des pays déjà surpeuplés, comme l’Indo-Chine, il était nécessaire d’établir de nombreux colons français. Il n’y a pas qu’une manière de coloniser : celle des Russes en Sibérie en est