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elle n’en comptait plus que 12, parmi lesquels plusieurs étaient déserts : Boncourt n’avait plus que la moitié de ses régens ; Tournai n’avait plus ni régens, ni élèves ; une partie des locaux avait été convertie en boutiques, louées à des menuisiers, maçons ou armuriers. Dans les autres, l’antique discipline était assez oubliée, puisqu’ils abritaient des « femmes mal vivantes, » que le Parlement ordonne d’expulser en mettant, si besoin est, « leurs meubles sur le carreau. »

Les professeurs des universités vivaient sur les dotations primitives de leur emploi, chaque jour plus insuffisantes par suite de l’abaissement de la livre-tournois. Ceux de Paris eurent longtemps le monopole de vendre les offices de messagers en tout le royaume ; sorte de régie des postes qui, dans leurs mains, resta constamment stérile, aussi bien que la « taxe du parchemin » ou l’immense domaine du Pré-aux-Clercs, — la moitié du faubourg Saint-Germain actuel, — dont ils étaient propriétaires et qu’ils laissèrent émietter pour quelques milliers de francs.

Le plus clair du revenu était les « actes, » droits d’examen et de diplôme payés par les étudians. Impossible de déterminer le chiffre de ce casuel, puisque nous ignorons l’effectif annuel des candidats et le quantum réservé aux recteurs trimestriels, syndics annuels, régens de collèges et autres « suppôts » de l’université qui avaient séance et « voix excitative » dans les exercices. A Paris, le montant de ces frais d’actes, assez capricieusement taxés, variait de 118 francs pour le baccalauréat, de 223 et 247 francs, pour les grades de licencié ès arts ou de docteur en décret, jusqu’à 3 450 et 3 900 francs pour les titres de docteur en médecine ou en théologie. Ce dernier était, au XVIIe siècle, supérieur à tous les autres, comme la théologie à toutes les autres sciences. La « vesperie, » dernière « dispute » du licencié avant d’être admis à coiffer le bonnet de docteur, attirait un auditoire mondain et choisi. On s’y pâmait d’aise à ouïr ces subtiles discussions de la scolastique, qui nous semblent aujourd’hui si frivoles, pour ne pas dire si bouffonnes.

Nos pères, sans se l’avouer, durent trouver, en leur for intérieur, que l’archaïsme et la routine de ces vastes usines scientifiques ne répondaient plus à leurs besoins ; puisque les écoles se décentralisèrent à partir de Henri IV et que la matière de l’enseignement changea. Quoiqu’un mémoire administratif assure, sous Richelieu, que le grand nombre de collèges « ne sert qu’à faire