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de Barentin, le comte de la Chapelle, le comte de Blacas et d’Outremont. Ce dernier a lu le rapport de l’examen fait par mes ordres des papiers produits par M. de Puisaye et, avec la sagacité qui lui appartient, il a démontré, jusqu’à la dernière évidence, l’imposture et l’absurdité des inculpations articulées contre vous et contre moi-même. Chacun des membres, à commencer par mon frère, a déclaré que ce rapport ne faisait que le confirmer dans l’opinion qu’il a de vous et dans l’estime qu’il vous porte. J’ai ensuite ajouté qu’ayant, dès le principe, prononcé la mienne, je n’avais aucun besoin de ce témoignage pour asseoir mon jugement, mais que l’amitié qui existe entre nous, faisant qu’en moi le Roi devait se défier de l’homme, j’avais cru nécessaire de m’entourer des lumières de ceux qui, à juste titre, méritent le mieux ma confiance ; que pleinement satisfait de ce que je venais d’entendre, et voulant que vous en fussiez informé d’une manière aussi honorable que les circonstances peuvent le permettre, je chargeais M. de Barentin, ancien garde des Sceaux, et d’Outremont (qui vous portent cette lettre) d’aller vous exprimer le sentiment unanime et le mien propre.

« Dès que les trois commissaires auront rédigé le résumé qui doit fixer définitivement l’opinion publique sur cette criminelle affaire et en attendant des temps plus heureux où un jugement légal pourra donner un grand exemple, je ferai passer ledit résumé aux ministres de Sa Majesté Britannique afin d’obtenir leur assentiment à une publication qui nous est à tous deux également nécessaire. Ce résumé et le procès-verbal de vérification vous seront remis.

« Je n’ai pas besoin de vous dire qu’en terminant, j’ai ordonné, avec l’applaudissement général, au comte de la Chapelle, de rayer M. de Puisaye de mon état militaire. De plus, j’ai déclaré que mon intention était que mes fidèles sujets ne répondissent désormais que par le plus profond mépris aux écrits que ce lâche imposteur pourrait publier.

« Maintenant, mon ami, je répondrai à la demande que vous m’avez faite de prendre du repos en vous préparant aux remèdes que les médecins vous ordonnent. Je ne ressens que trop vivement le déplorable état dans lequel votre santé est réduite après tant de souffrances, mais j’ai dû attendre encore, avant de vous satisfaire, que son résultat ne soit plus un secret pour personne ; il ne faut pas donner pâture à la malignité.