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« Dans une conversation postérieure à celle dont je viens de donner la substance, M. d’Avaray est revenu sur ce même projet d’ouvrage, et m’a désigné M. de Thauvenay comme l’homme le plus propre à y mettre. Il m’a témoigné une seconde fois le plus grand désir de voir cet excellent serviteur plus rapproché du Roi qu’il ne l’est.

« — D’ailleurs, m’a-t-il ajouté, en supposant même que ma santé se rétablisse, la convalescence sera nécessairement bien longue : et je ne connais personne qui puisse mieux me suppléer auprès de mon maître que M. de Thauvenay. »

La crise dont ce curieux document nous dévoile la gravité s’était, contrairement à ce qu’on en pouvait craindre, heureusement dénouée. Entouré de soins, objet de l’incessante sollicitude du Roi, le comte d’Avaray avait recouvré sinon la santé, du moins les moyens de vivre. Après une longue convalescence, il avait pu retourner en Italie. Quelques mois plus tard, il en était revenu, obligé encore à des précautions minutieuses, en état cependant de reprendre sa place auprès de son maître. En son absence, Thauvenay, rappelé à cet effet de Hambourg, l’avait occupée provisoirement comme l’occupa avec le même caractère provisoire, durant les années suivantes, le marquis de Bonnay, un autre fidèle serviteur de Louis XVIII.

Les choses en étaient à ce point, lorsqu’en 1809, à la suite de la retentissante querelle de d’Avaray avec le comte de Puisaye, sa santé déjà si fragile se trouva menacée de nouveau et plus gravement. Il comprit lui-même que son zèle était désormais insuffisant pour la tâche à laquelle il le consacrait depuis si longtemps. Sans même attendre que les commissaires désignés par le Roi pour se prononcer sur les prétendus griefs de Puisaye, eussent rendu la sentence qui en démontrait la fausseté, il se décida à la retraite. De Londres où il s’était établi pour mieux tenir tête à Puisaye, il fit part de son désir à Louis XVIII. Celui-ci ne s’attendait que trop à cette demande à laquelle l’avaient préparé des conversations antérieures. Sa réponse, datée d’Hartwell le 24 mars, démontre cependant qu’il ne désespérait pas de voir d’Avaray revenir auprès de lui.

« Je sors, mon ami, de mon conseil de famille composé de mon frère, de mes neveux, de M. le prince de Condé et de M. le duc de Bourbon. Comme vous le savez, j’y avais appelé MM. l’archevêque de Reims, le duc d’Havre, le comte d’Escars,