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merveilles de la Thébaïde. Arrivé à Thèbes, il fit ses dévotions à Memnon dont il entendit la voix le 7 mars 134.

Ce fut probablement aussi au cours d’une tournée d’inspection que le préfet, Pétronius Secundus, se trouvant à Thèbes le 14 mars 95, se rendit auprès de Memnon pour lui rendre hommage. Esprit cultivé, il voulut honorer le dieu par des vers grecs, mais ses loisirs ne lui permettant pas un séjour prolongé, il chargea un chef de cohorte de les faire graver :

« Tu viens de te faire entendre, car c’est, ô Memnon ! une partie de toi-même qui est assise en ce lieu, frappée des rayons brûlans du fils de Latone. »

Les poètes payèrent aussi à Memnon leur tribut d’enthousiasme. Arius, poète homérique du Musée, émerveillé du phénomène dont il est témoin, manifeste ainsi son admiration :

« Grands dieux ! quel prodige étonnant frappe mes regards ! C’est quelque Dieu, l’un de ceux qui habitent le vaste ciel et qui, enfermé dans cette statue, vient de faire entendre sa voix et retient le peuple assemblé. En effet, jamais mortel ne pourrait produire un tel prodige. »

Asclépiodote qui, à sa qualité de poète, joignait le titre de procurateur de César, fit graver sur la face antérieure du piédestal une pièce de vers qui peut être considérée comme l’une des plus remarquables qu’ait inspirées Memnon. Je la donne in extenso :


« Asclépiodote

« Apprends, ô Thétis, toi qui résides dans la mer, que Memnon respire encore et que, réchauffé par le flambeau maternel, il élève une voix sonore au pied des montagnes libyques de l’Egypte, desquelles le Nil, dans son cours, sépare Thèbes aux belles portes ; tandis que ton Achille, jadis insatiable de combats, reste à présent muet dans les champs des Troyens, comme en Thessalie.

« poète procurateur de César. »


Comme il serait trop long, fastidieux même, de citer ici toutes les inscriptions gravées sur ce colosse, je terminerai cet examen par l’étude de celles qui ont trait à la visite qu’Adrien et son épouse Sabine firent à la statue sonore.