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même, un caractère transitoire ; qu’il y a quelque chose de conjectural à transformer, par une simple opération d’arithmétique, en une annuité 365 fois plus grande, ce qui pouvait n’être qu’une indemnité de quelques semaines de durée.

Cette critique s’appliquerait, avec le même fondement, à des conversions pareillement faites dans cet article, de gages payables « par mois » en gages annuels. Mais autrefois, nombre d’appointemens, fixes et perpétuels de leur nature étaient établis par jour. C’est une habitude de langage qui, pour le passé, ne tire pas à conséquence.

Et ce qui le prouve, c’est la comparaison de gages afférens à des emplois analogues, indiqués les uns comme annuels, les autres comme journaliers mais aboutissant, après multiplication par 365, à un chiffre peu différent les uns des autres. La remarque cesse d’être vraie lorsqu’il s’agit de besognes certainement passagères, comme celle des députés aux États généraux ou provinciaux. A l’égard du comte d’Egmont, qualifié à cette date a chambellan de l’Empereur, » mais investi d’autres fonctions importantes — il était en même temps gouverneur d’Artois — il se peut que la somme allouée représente l’ensemble de ce qui lui est dû à divers titres[1].

Aucun autre traitement n’approche de celui-là. Immédiatement au-dessous viennent ceux de chancelier du duc de Berry — 88.000 fr. en 1397, — de grand-maître d’hôtel du duc de Bretagne — 79.000 fr. en 1486, — de premier chambellan du duc de Bourgogne — 70.000 fr. en 1445, — princes connus pour leur richesse et leur magnificence.

Sur notre liste figurent, à la suite des précédens, les appointemens du Sire de Joinville, sénéchal de Champagne — 60.000 fr. en 1285, — du sénéchal de Frovence — 52.000 fr. en 1249, — du chevalier d’honneur de la reine Anne de Bretagne — 55.000 fr. en 1498. — Avec le maréchal de Bourgogne nous descendons à 47.000 fr. Trois « baillis d’épée et de justice, » sous le règne de saint Louis,

  1. Je crois devoir rappeler au lecteur que le chiffre de 257.000 fr. est exprimé en monnaie actuelle, ainsi que tous ceux qui sont contenus dans cet article ; c’est-à-dire établis en tenant compte de la puissance d’achat de l’argent, aux diverses époques, de la valeur relative des métaux précieux. Ainsi, le traitement du comte d’Egmont, de 60 florins Philippus par jour, ayant une valeur intrinsèque de 3 fr.92 chaque, représentait intrinsèquement, par jour, 235 fr.20 et par an, 85.848 fr. de 1553, qui équivalent à 257.000 fr. de 1906.