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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 avril.


La nouvelle se confirme que les élections législatives auront lieu le 6 mai : tout le monde commence à éprouver la hâte d’en finir, et personne, dans aucun parti, ne trouve intérêt à prolonger la situation incertaine où nous sommes. La législature est donc finie, triste législature sur laquelle l’histoire portera sans doute un jugement sévère, en dépit de tant de discours officiels où on la présente comme heureuse et féconde. Elle a été caractérisée par le proconsulat de M. Combes, c’est-à-dire par le déshonneur dans le gouvernement, la corruption dans les mœurs parlementaires, la violence et la brutalité dans les pratiques administratives, le déficit dans nos finances et enfin la crise religieuse et la crise ouvrière dont nous parlions, il y a quinze jours, et qui continuent. L’émeute et l’incendie sont à l’ordre du jour dans plusieurs de nos départemens. Tel est le tableau qui se déroule en ce moment devant le pays : il dira bientôt ce qu’il en pense.

M. Combes l’a dit, pour son compte, il y a quelques jours. Se souvient-on encore du discours qu’il a prononcé, et de l’outrecuidance-avec laquelle, après avoir déchaîné tant de maux, il a paru s’offrir pour veiller à nos destinées, ou plutôt pour les diriger de nouveau ? Mais, depuis que la sienne s’est tue, d’autres voix, plus éloquentes, se sont fait entendre, celle de M. Ribot, celle de M. Deschanel, celle de M. Caillaux : cette abondance de discours annonce la période électorale, comme les premières feuilles de nos arbres annoncent le printemps. De toutes ces manifestations oratoires, la plus importante est celle de M. Ribot. M. Ribot est le chef incontesté des progres-