Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 32.djvu/9

Cette page n’a pas encore été corrigée

IL SANTO QUATHIÈMÉ PARTIE (1) VI. — TROIS LETTRES Jeanne à Noé ? ni. Vena di Fonte Alta, 4 juillet. « Excuse-moi si je t’écris au crayon. J’ai relu ta lettre ici, à une demi-heure de l’hôtel, assise sur le bord d’une fontaine où les troupeaux viennent s’abreuver. Le filet d’eau qu’y verse un petit canal de planches me rappelle, par sa voix tendre, quelque chose qui m’endolorit le cœur : une promenade avec lui dans les prés et les bois, par le brouillard, une halte près do cette même fontaine, des paroles douloureuses, des larmes, un mot tracé sur l’eau, un moment heureux, le dernier ! C’est un grand sacrilice que j’ai fait à Cârlino, de revenir dans ce pays après trois ans. J’ai toujours chéri mon frère ; mais le message de Yenne me ferait affronter pour lui de bien autres sacrifices que celui-là, et joyeusement, et sans attendre aucune récompense de ma peine. « Je ne suis pas contente de ta lettre, et je te dirai pourquoi ; mais pas maintenant. Ici, j’écris trop mal ; et voici qu’une brum§ (i) Voyez la Revue des 15 janvier, 1" et 15 février,