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obligés de trouver heureuse, dépend directement du ministre de la Guerre : elle est pourvue de son artillerie indépendante, de ses mitrailleuses et de tous ses services ; elle est sensiblement mieux organisée que le reste de nos troupes stationnant aux colonies.


Le commandement est suffisamment organisé en Cochinchine, car il n’y a aucun inconvénient à placer un colonel à la tête d’une brigade normale ; mais il n’en est pas de même au Tonkin, où les brigades ont respectivement 2, 3, et 4 régimens, et les régimens 2, 3, 4 et 5 bataillons. Les créations nouvelles doivent permettre de concentrer 3 bataillons à chaque portion centrale, les 4e bataillons seulement étant détachés en Annam, à Quang-tchéou-Wan ou dans les territoires militaires ; c’est fait depuis 1904 pour les régimens de tirailleurs tonkinois : il faut que les régimens européens puissent être placés de même. Ce résultat obtenu, les états-majors des brigades et des divisions devront être constitués : celui de la place de Haiphong, dont l’organisation ne peut tarder, de la base maritime Hongay-Fort-Courbet : et même de la place du moment à prévoir à Bacninh-Dapcau. Nous ne réclamons pas la nomination immédiate des deux généraux de division et des quatre ou cinq généraux de brigade qui seraient actuellement nécessaires en Indo-Chine : il y a des dépenses plus urgentes. D’ailleurs l’attribution du commandement effectif, sans l’éclat du grade correspondant, indique l’esprit de devoir et d’abnégation, la recherche des réalités plus que des apparences et, dans la direction supérieure, la préoccupation d’éprouver les hommes avant de leur confier des responsabilités effectives ; c’est une excellente école pour les cadres supérieurs et l’avantage de rajeunir le commandement est surtout appréciable dans la guerre coloniale dont les fatigues seront particulièrement pénibles. Mais encore faut-il que le commandement soit constitué dès le temps de paix et muni de tous ses organes, qu’il puisse se préparer à sa tâche et préparer ses subordonnés à la leur, qu’il les connaisse et soit connu deux. La part de l’improvisation dans une telle guerre sera forcément très grande ; il importe de la réduire le plus possible : le succès est à ce prix.

Actuellement l’ensemble de nos forces, y compris la brigade de réserve de Chine, comprend 18 bataillons européens, 25 bataillons indigènes, 26 batteries mixtes, — soit, en y comprenant tous les autres corps, — escadron de chasseurs annamites,