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chasseurs de frontière, recrutés parmi les populations montagnardes de la haute région, lesquelles n’ont rien de commun avec la race annamite. Cette création nouvelle permettrait de renvoyer dans le Delta nos tirailleurs tonkinois qui vivent mal dans la montagne ; c’était la défense du pays par le pays, la certitude de harceler l’ennemi terrestre dès le passage de la frontière, d’inquiéter l’ennemi maritime qui serait en opération dans le Delta, tout en sauvegardant nos lianes contre les bandes qui ne manqueraient pas de franchir la frontière chinoise ; et, en cas de revers sur le fleuve Rouge, c’était le pavillon continuant à garder les sommets… C’était tout cela, la création des chasseurs de frontière en 1903. Mais le département ne semble pas l’avoir compris, et, en 1905, malgré les protestations du général commandant supérieur, appuyées par le gouverneur général, ils ont été supprimés.

Donc, tout est à créer sur nos frontières terrestres, fortification et troupes mobiles. La première mesure qui s’impose est le l’établissement des chasseurs de frontière. La seconde est la création d’un bataillon de tirailleurs laotiens encadré au début par nos gradés annamites et recruté parmi les montagnards Khas ; ce bataillon de 800 fusils remplacerait en grande partie les 1 400 miliciens que nous entretenons dans le Laos, qui font très médiocre figure en face de 3 000 Siamois armés à l’européenne et instruits par des officiers japonais.

Le général de division commandant supérieur des troupes du groupe de l’Indo-Chine a sous ses ordres : 1° en Cochinchine, un général de division commandant les troupes de Cochinchine dont le commandement comprend deux brigades (2 régimens de tirailleurs annamites, 2 régimens d’infanterie coloniale et un régiment d’artillerie mixte) dont une commandée par un colonel ; 2° dans l’Annam-Tonkin, deux brigades, dont l’une de 4 régimens, l’autre de 3 régimens (4 régimens de tirailleurs tonkinois, 2 d’infanterie coloniale, 1 de légion étrangère, 1 régiment d’artillerie, 1 escadron de chasseurs, annamites, 1 bataillon indigène du génie. De plus, une brigade, réserve du corps expéditionnaire de Chine, stationne au Tonkin sous les ordres d’un colonel. Cette brigade, par une anomalie que nous sommes