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35 000 hommes au minimum ! Le gros de nos forces serait ainsi immobilisé. La position Bacninh-Dapcau était tentante contre un ennemi venant de Chine, et avait l’avantage d’être relativement centrale, tout en couvrant les régions les plus riches et les plus peuplées ; mais elle pourra être transformée rapidement, le cas échéant, en place du moment : un ennemi venant de Chine ne saurait disposer d’un matériel de guerre très puissant et les ressources de la fortification passagère ou semi-permanente suffiraient contre lui. On a donc préféré, après mûres réflexions, une solution qui, avant tout, rendît un débarquement difficile et qui, dès le début des opérations, obligeât l’adversaire à une guerre de siège ; et l’on se propose d’organiser la défense de Haïphong, qui se lie à la base maritime Hongay-Fort-Courbet, et qui en augmente singulièrement la valeur défensive. Le premier avantage de cette solution est de défendre l’abri de notre défense mobile, — torpilleurs et sous-marins, — qui, si elle est solidement constituée, gênera beaucoup les opérations du débarquement. Les quais et l’outillage de Haïphong étant interdits à l’adversaire, il devra opérer dans des conditions plus que médiocres ; après avoir pris pied dans le pays, il ne pourra s’y avancer en laissant sur ses derrières ou sur ses flancs les 15 ou 20 000 hommes qui auront pris Haïphong comme base de manœuvre. Ainsi placés, nous protégeons admirablement l’arrière-pays.

Nous sommes obligés d’ajouter que rien n’a été fait jusqu’à présent pour l’exécution de ce projet, qui date du 25 juin 1904. Non seulement ce réduit indispensable à la défense du Tonkin n’est même pas commencé, mais les propositions faites par la colonie, sur l’invitation du Comité consultatif de défense, n’ont reçu aucune solution de la part du département.


La défense de nos frontières terrestres du côté de la Chine n’est pas assurée. Nos postes actuels sont très suffisans contre les bandes, de pirates qui en ont motivé la construction, et même ils auraient pu faire bonne figure contre les réguliers chinois avant 1900. Mais ils ne peuvent désormais être d’aucun secours contre l’ennemi que nous attendons.

Il convient d’organiser dans le Haut-Tonkin quelques centres de résistance qui couvrent les approvisionnemens de nos troupes mobiles ; et ces troupes mobiles, il faut les constituer, ou plutôt les reconstituer. Car nous les avions ; c’étaient des bataillons de