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cours d’exécution, — dans chaque capitale, de se rendre compte des avantages considérables offerts par une centralisation rationnelle et par l’emploi des meilleurs systèmes électriques pour développer et assouplir les grandes exploitations locales de chemins de fer ou de tramways. Dans des conditions différentes de temps et d’étendue, la question reste la même : comment transporter rapidement, à bas prix, et aux momens où ils le désirent, une masse donnée de voyageurs ?

Pour évaluer la superficie à parcourir et les populations auxquelles les entreprises parisiennes de transport doivent permettre de se déplacer, il ne faut pas se borner à considérer les 7 802 hectares du Paris limité par ses fortifications continues. L’agglomération parisienne englobe, à mon avis, non seulement la totalité du département de la Seine, mais encore une partie de celui de Seine-et-Oise. Ainsi comprise, la population de la capitale et de sa banlieue atteint près de quatre millions d’âmes. Le mouvement des voyageurs dans cette agglomération a porté, pour 1903, sur un total d’environ 855 millions de voyageurs Evalué seulement à 587 millions en 1901, le nombre des déplacemens a donc considérablement augmenté à la suite de l’exploitation des trois premières lignes du réseau métropolitain et du fonctionnement des tramways dits de pénétration.

Dans la ville même, la population est sensiblement plus dense que dans la partie comparable du centre de Londres ; près de la moitié des maisons de Paris ont plus de quatre étages, tandis que les deux tiers des maisons de Londres ne sont élevées que de deux étages. Plus agglomérée, — et ayant par conséquent moins de motifs de déplacement que la population de Londres, — la masse des Parisiens voyage cependant davantage. L’humeur parisienne porte sans doute plus aux relations mondaines, aux promenades ou à la flânerie la majeure partie des habitans, leurs occupations quotidiennes terminées.

Sa journée finie, l’ouvrier, l’employé, le commerçant ou le fonctionnaire de Londres regagne aussitôt son home en quelque lieu plus ou moins éloigné de sa champêtre banlieue, et il n’en ressort plus guère que le lendemain. Le Parisien, lui, se dépêche de sortir, seul, ou avec sa famille, dès qu’il a réussi à se créer quelques loisirs. L’Anglais de Londres sort presque uniquement pour ses affaires, le Français de Paris circule surtout pour son agrément.