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Cette disposition en montagnes russes facilite le démarrage des trains et leur arrêt en économisant la dépense de courant électrique.

Les frais de premier établissement ont dépassé les prévisions ; ils font ressortir le kilomètre à environ 9 millions de francs ; aussi le prolongement de la ligne jusqu’à la gare de Liverpool, en vue d’une jonction avec les lignes du Great Eastern, fut-il provisoirement ajourné. À cette première déconvenue vint s’en ajouter une autre du fait de l’exploitation. La Compagnie avait prévu que la traction serait faite par des locomotives électriques ; mais un concert de plaintes des riverains s’éleva contre les. vibrations provoquées dans ces deux tubes sonores par le passage incessant des locomotives et des trains, et la Compagnie fut amenée à substituer des automotrices à ces trop pesantes locomotives, tout en prenant d’autres précautions de détail contre le bruit et les vibrations. Ces transformations, presque totalement réalisées actuellement, ont dû être onéreuses. Mais au point de vue du public, ce fut un succès immédiat, complet. Les voitures employées, confortables, luxueuses, du type américain, sont montées sur bogies, avec plate-forme ouverte à chaque extrémité ; elles sont éclairées avec profusion. Les trains se succèdent à deux et trois minutes d’intervalle de cinq heures du matin à une heure après minuit ; ils ne mettent que trente minutes pour accomplir le trajet total. Il n’y a qu’une classe, et le prix est uniformément de 20 centimes, quelle que soit la distance parcourue ; enfin il existe, à certaines heures matinales, des trains ouvriers, pour lesquels le tarif n’est que de 20 centimes aller et retour. La classe unique supprime les contrôles ; mais les gentlemen et les dames restent presque seuls dans les wagons où il est défendu de fumer, les ouvriers ayant de suite marqué leur préférence pour les voitures où ils pouvaient allumer leur pipe ou leur cigarette.

Le trafic du Central London a donc été immédiatement considérable. Pendant l’exercice 1902-1903, cette ligne a transporté environ 50 millions de voyageurs, et on nous affirme que, au cours de l’exercice 1903-1904, le total des personnes transportées a dépassé 56 millions. Mais cet éclatant succès, qui permettait à la Compagnie de dédaigner les concurrences extérieures et d’affirmer la supériorité de ses services par rapport à ceux des lignes parallèles, va peut-être se trouver enrayé, dans une certaine