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les autres et qui ne sera inspecté par personne, n’échappera pas à la critique s’il est lui-même organisateur de police ; il sera vulnérable par là ; et s’il est vrai que les officiers français et espagnols ont, dans les affaires musulmanes, une compétence qui n’appartient pas aux autres, il est douteux qu’un Suisse ou qu’un Hollandais fasse mieux qu’eux. Cette observation s’applique à toute organisation analogue qu’on pourrait proposer, quand même elle ne dépendrait plus de l’inspecteur général, si elle était confiée à des officiers non français ou non espagnols. Sir Arthur Nicholson, le premier plénipotentiaire anglais, a combattu, non pas le principe, mais certains détails du projet autrichien, avec beaucoup de force, et M. de Radowitz a proposé de renvoyer le tout au comité de rédaction, afin de rechercher par où les vues de la France et celles de l’Autriche pourraient se concilier. On en est là : l’accord n’est pas encore fait.

C’est avec une grande satisfaction que nous constatons le changement heureux qui s’est produit dans ce qu’on appelle l’atmosphère de la Conférence. Rien n’est fini ; tout peut encore s’embrouiller et se gâter ; le succès final demeure incertain ; mais il est devenu infiniment probable, et c’est beaucoup quand on songe aux impressions pessimistes de ces derniers jours. Nous avons lu à maintes reprises dans les journaux allemands que, par des procédés qui nous paraissaient étrangement mystérieux, le gouvernement impérial n’avait d’autre but que de rétablir avec nous des rapports de confiance mutuelle et d’amitié. Il y a encore quelque chose à faire pour atteindre ce résultat. Quoi qu’il en soit, nous désirons vivre en bonne intelligence avec l’Allemagne et nous avons donné des preuves si nombreuses de la sincérité de nos dispositions qu’il nous est difficile d’y ajouter grand’chose. Certainement, l’Allemagne est encore en reste avec nous. Mais nous apprécions ses premières concessions. Elles sont précieuses en elles-mêmes ; elles le sont encore davantage s’il nous est permis d’y voir un gage pour l’avenir.


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

F. BRUNETIERE.