Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 32.djvu/473

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 mars.


La chute du ministère Bouvier a été une surprise : personne ne s’attendait, le 7 mars, lorsque la séance de la Chambre s’est ouverte, à ce qu’elle eût ce dénouement. On savait bien que le ministère n’était pas solide. Son autorité était depuis quelque temps très ébranlée par des causes diverses dont la principale est qu’à louvoyer, comme il le faisait, entre tous les partis, il avait fini par n’inspirer confiance à aucun. Sa chute n’en est pas moins regrettable ; elle s’est produite mal à propos. Il était facile de prévoir que, dans les circonstances présentes, le ministère Rouvier ne pouvait pas être remplacé avec avantage, et c’est ce que l’événement n’a pas tardé à montrer. Nous avons aujourd’hui un cabinet Sarrien, avec M. Clemenceau à l’Intérieur et M. Briand à l’Instruction publique et aux Cultes. L’attribution du portefeuille de l’Intérieur à M. Clemenceau à la veille des élections est tout un programme : elle donne sa signification au nouveau gouvernement. Il y a beaucoup d’hommes de mérite ou de talent dans le cabinet. Il y a M. Poincaré aux Finances, et M. Barthou aux Travaux publics. M. Etienne reste à la Guerre et M. Thomson à la Marine ; on a bien fait de les y laisser ; il faut toucher le moins souvent possible à la Marine et à la Guerre, et MM. Thomson et Étienne y montrent de l’intelligence et de la bonne volonté. Mais comment des hommes si divers, si différens, si opposés, et dont quelques-uns tiennent sans doute à leurs idées d’autrefois, pourront-ils marcher d’accord ? Il suffit, à la vérité, qu’ils en donnent l’illusion pendant deux mois : après les élections on verra. Certaines questions exigent, toutefois une solution prompte, celle des inventaires par exemple. Qu’en fera le ministère ? Mais c’est l’histoire de demain et nous n’avons à