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si léger soit-il. L’occupation de l’île Margarita a été proposée, mais le gage est presque insignifiant, nous nous trouverions entraînés à l’occuper indéfiniment et nous provoquerions peut-être, de la part des États-Unis, une intervention désagréable. Un bombardement des ports ne terminerait rien et ruinerait beaucoup d’établissemens français. D’ailleurs qui sait si une action de guerre, dans l’état de surexcitation où sont actuellement le président Castro et ses conseillers, n’entraînerait pas le massacre, tout au moins l’emprisonnement des Français et des Européens ? La solution, on est obligé d’en convenir, est malaisée à trouver : il faut cependant en découvrir une. Nous avons déjà, en 1900, employé avec succès l’application du tarif général aux cafés vénézuéliens. Il y a d’autres moyens encore qu’il ne nous appartient pas de suggérer. Il est nécessaire, en attendant, de maintenir nos bateaux en croisière sur les côtes du Venezuela afin qu’il reste évident que, l’heure venue, nous agirons… à moins que, d’ici là, une révolution n’ait débarrassé le pays de la tyrannie du président Castro. Ce serait la solution idéale ; elle nous permettrait de ne pas rendre le Venezuela solidaire de son gouvernement et de nous souvenir des affinités et des sympathies qui unissent la France à ces républiques sud-américaines si pleines de vie et si riches d’espérances.


RENE PINON.