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Augmenteront-ils les frais, déjà si lourds, qui vont peser sur eux ? Refuseront-ils, parce qu’on leur aura pris quelque chose, de garder ce qu’on leur laisse ? Le Pape le leur conseillera-t-il ? Nous ne le croirons que lorsque nous le verrons, et Dieu fasse que nous ne le voyions jamais. Il faudrait, alors, désespérer de la sagesse humaine, qui a sa place dans les choses religieuses comme dans les autres. Mais si le Pape doit s’accommoder un jour des associations cultuelles, fallait-il prononcer contre elles une condamnation qui ressemble à un anathème ?

Il est temps pour tout le monde de mettre fin à cette situation équivoque. Le gouvernement en est, sans doute, en très grande partie responsable. La loi est faite depuis beaucoup plus longtemps qu’elle n’est promulguée. On savait fort bien que sa discussion au Sénat ne serait qu’une simple formalité : dès lors, pourquoi n’avoir pas mis plus de hâte à préparer un règlement d’administration publique dont tous les élémens étaient connus depuis de longs mois ? La promulgation de la loi, et celle du règlement auraient dû être deux faits presque concomitans. Mais le gouvernement ne s’est pas pressé. On a même pu craindre que le règlement n’arrivât pas plus vite que celui qui doit servir à l’application de la loi sur les sociétés d’assurances étrangères, dont le retard a fini par faire scandale à la Chambre. Le Conseil d’État a été enfin saisi du projet qu’on lui avait enlevé le soin de préparer lui-même, et nous commençons à espérer que le règlement paraîtra au terme des trois mois que la loi lui assignés. Le Saint-Père devra faire alors une seconde Encyclique, qui complétera la première. Quelle que soit l’importance doctrinale de son opinion sur la loi, non moins grande sera l’importance pratique des instructions qu’il donnera pour son application. Alors seulement se reformera cette union des catholiques qu’il recommande avec tant de chaleur, mais qui pour le moment existe si peu.


Les nouvelles d’Algésiras ne sont point bonnes : nos lecteurs n’en seront pas surpris. Nous avons dit dès l’origine qu’il aurait fallu, ou ne pas aller à la Conférence, ou ne le faire qu’après s’être mis d’accord sur tous les points importans. En réalité on ne s’est mis d’accord sur rien, et on est allé tout de même à la Conférence. Nous l’avons fait par condescendance envers l’Allemagne, qui nous promettait, si nous lui accordions cette satisfaction, de nous donner à son tour toutes celles que nous pouvions désirer : mais c’étaient là de ces promesses en l’air qui ne lient personne et dont il est toujours facile de se dégager. En