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ses États, où il ne tarda pas à mourir, et son fils Yacoub-Khan dut signer, le 26 mai 1879, le traité de Gundamak par lequel il cédait la partie de l’Afghanistan située à l’Orient de la chaîne occidentale des monts Souleïman, c’est-à-dire les vallées de Kouroum, de Pishin, de Sibi et le territoire de Khaïber, acceptait la présence, à titre permanent, à Caboul, d’un agent anglais d’origine européenne, et consentait à placer ses relations extérieures sous le contrôle du gouvernement qui, en échange de ces concessions, s’engageait à lui fournir argent, armes et troupes, en cas d’agression étrangère.

C’étaient l’Afghanistan complètement subordonné et l’émir transformé en feudataire de la cour des Indes. Mais l’amour des Afghans pour leur indépendance, leur humeur farouche, leur répulsion à l’égard de l’étranger, furent plus forts que la politique des gouvernans, et l’on vit se renouveler les scènes tragiques qui avaient ensanglanté Caboul en 1839. Cinq semaines après son entrée à Caboul, le nouveau résident, Cavagnari, était massacré comme l’avait été son prédécesseur Burnes, avec toute son escorte. De nouveau il fallut diriger contre l’Afghanistan une expédition, qui fut la quatrième. Après une marche forcée à travers la passe du Kouroum, le général Roberts occupa Caboul ; l’émir Yacoub, soupçonné de complicité, dut abdiquer et fut interné dans l’Inde, et Abdurrhaman, petit-fils de Dost-Mohammed, proclamé officiellement, le 22 juillet 1880, au nom du gouvernement de Sa Majesté Britannique, en qualité d’émir d’Afghanistan.

Éclairé enfin par l’expérience, le gouvernement anglais renonça à la prétention d’avoir un résident anglais de race européenne à Caboul et se contenta de la présence d’un agent musulman. Mais toutes les autres clauses essentielles du traité de Gundamak furent maintenues, notamment celle qui visait le contrôle des relations extérieures de l’Afghanistan, et celle-ci dut être acceptée par Abdurrhaman avant son élévation au pouvoir. Dans la lettre qu’il adressait à ce dernier, alors qu’il briguait sa succession au trône, le général Roberts précisa nettement les conditions que mettait le gouvernement britannique à la reconnaissance d’Abdurrhaman et à l’entente avec lui. « En ce qui concerne, disait-il, la situation de l’émir de Caboul, vis-à-vis des puissances étrangères, étant bien entendu que le gouvernement de l’Inde n’admet aucun droit d’intervention de ces