Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 31.djvu/708

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pour rentrer dans la pratique, il convient d’ajouter que la mèche ne doit pas être trop forte, — sinon la flamme s’exagère, — ni trop faible, — sans cela la bougie coule ; — que l’air ambiant doit être pur, ce qu’atteste la triste mine que font les bougies à la fin d’un bal un peu long et animé. Il va sans dire que la mèche doit se maintenir dans l’axe, mais son extrémité doit aussi se plier dans le gaz en ignition de façon à rendre inutile la pratique du mouchage qui jadis était souvent indispensable avec les anciennes chandelles. Bien des fois les érudits ont rappelé la tradition de la cérémonie spéciale aux lustres des spectacles d’autrefois, cérémonie non moins classique que les pièces elles-mêmes ; ils ont célébré ces moucheurs, qui pendant les entr’actes soignaient les feux du lustre et de la rampe, et qui, sous peine d’être hués par le parterre, devaient s’acquitter de leur tâche avec une habileté consommée soumise à des règles aussi sévères que celle des trois unités. Pour en revenir aux mèches du XXe siècle, elles sont en coton tressé dont le serrement des fils et le croisement sont rigoureusement calculés et on les imprègne d’acide borique, matière incombustible, mais fusible par la chaleur qui force l’extrémité de la mèche à se replier dans la flamme.

Malgré tout leur génie scientifique, Gay-Lussac et Chevreul, qui avaient pris vers 1825 des brevets sous des noms d’emprunt pour appliquer leurs découvertes à l’art de l’éclairage, échouèrent assez piteusement, ainsi qu’un industriel porteur du nom de Cambacérès, célèbre à d’autres titres. Les premières bougies ne fonctionnaient guère mieux que les antiques chandelles. Ce furent deux médecins, MM. de Milly et Motard, qui, au début du règne de Louis-Philippe, découvrirent enfin des méthodes pratiques, au double point de vue chimique et industriel, et livrèrent au public une marchandise propre à le satisfaire. Leur première usine s’ouvrit et fonctionnait dans le quartier de l’Arc-de-Triomphe ; de là vient l’origine d’une marque encore très populaire aujourd’hui. La province suivait de près la capitale, car quatre ans plus tard, se fondait à Marseille une fabrique de la même marque, fille de la première et qui subsiste encore aujourd’hui, dirigée par les descendans de son fondateur, dont le nom est populaire, non seulement dans le sud de la France, mais dans le monde entier. Elle s’élève dans la banlieue nord de Marseille et