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M. Wickham, sous les yeux de qui cette conférence a dû se tenir, aura transmis par courrier à sa cour. Il s’en faut bien que tous les membres de cette conférence aient les mêmes droits à notre confiance ; aussi je me propose d’examiner scrupuleusement leur plan. En arrêter un sans avoir connaissance du leur, serait une chose fort imprudente, car tout sortis de France qu’ils sont, plus l’esprit qui les a fait élire est bon et prononcé, plus ils doivent avoir conservé d’influence sur ceux qui les ont élus, et plus il est nécessaire, je ne dirai pas d’adopter leurs idées, mais de concerter avec eux les mesures à prendre. D’ailleurs le plan auquel vous travaillez est militaire et, à moins d’exciter une insurrection générale, ce serait une chose déraisonnable d’en exciter une, sans savoir : 1° si elle pourra être soutenue ; 2° si le Directoire ne pourra pas faire marcher contre elle des forces supérieures aux siennes, même réunies aux auxiliaires qu’elle pourrait recevoir. Or, dans ce moment-ci, le Directoire va, surtout si la nouvelle de la paix est vraie, être en état d’employer toutes ses forces contre une insurrection quelconque. Par toutes ces raisons envoyez-moi votre plan le plus tôt possible ; je voudrais l’avoir avant l’arrivée de l’homme d’Yverdun, mais ne le donnez pas au Ministère.

« Pour ce qui regarde la lettre à Chalus, certes vous ne me soupçonnez pas d’avoir envie de vous ôter de la considération ; mais prenez une carte, voyez la position où nous sommes tous les deux, relativement à la France, et dites-moi s’il m’est toujours possible de faire passer par Edimbourg ce que j’envoie en Bretagne ou en Normandie. Il n’y a nul doute que, lorsqu’il n’y a pas periculum in mora, je ne doive prendre cette route, mais lorsque ce péril existe comme il existait, et comme vous pouvez vous en convaincre par une lecture attentive de ma lettre du 7 septembre, il faut bien passer par-dessus les formes et envoyer l’ordre directement, en vous donnant avis en même temps, car je me donnerais un soufflet de ma propre main, si je vous laissais dans l’ignorance. La lettre est partie pour la France au même moment à peu près que le bouleversement s’opérait, je ne sais si elle a pu parvenir à sa destination, mais si elle revient à Pierre (La Trémoïlle), il faut qu’il l’envoie : 1° parce que Chalus en a très sûrement connaissance, attendu que je n’ai pas ordonné à Cazalès d’en faire mystère à, M. Wickham, et que je sais que les réfugiés en sont instruits et particulièrement Lemeret, Breton