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autres batteries japonaises interviennent à environ 3500 mètres ; leur tir est sans effet ; mais une autre batterie, dont on ne distingue que par momens la lueur, ne peut pas être repérée. Ce groupe devient immédiatement très dangereux. Il tire d’après les indications données par les fanions placés fort loin sur les hauteurs voisines. Les projectiles éclatent à bonne hauteur. En peu d’instans, la 4e batterie russe est privée de tous ses officiers, et les autres batteries doivent cesser leur feu. Alors l’infanterie japonaise commence à s’infiltrer dans la vallée. Par petits groupes, les tirailleurs arrivent à former une ligne de feu au pied des hauteurs, puis progressent lentement en rampant. Le 1er régiment tente une contre-attaque. Il subit les pertes les plus graves : son colonel est tué ; ses débris remontent les pentes et rentrent dans les tranchées. De leur côté, les Japonais restent cramponnés aux abords de la crête et, pendant toute la nuit, organisent la défense du terrain conquis. Le lendemain, 15 juin, le général Stakelberg exécute son projet de contre-attaque contre la droite japonaise. Il établit deux régimens sur un front de trois kilomètres et forme une colonne d’attaque, comprenant les 1er, 2e, et 3e régimens de tirailleurs et trois batteries et demie. La 2e brigade de la 39e division est gardée en réserve générale. Le reste de l’artillerie est réparti sur le front et, de chaque côté des pièces, on place quatre plateaux de 6 projectiles chacun. Mais dans la nuit, ainsi qu’il a été dit précédemment, les Japonais ont réuni vis-à-vis de la droite russe une batterie de 108 pièces, placée au pivot du mouvement tournant qu’ils ont déjà commencé.

Entre sept heures trente et huit heures, les 3e et 4e batteries russes sont hors de cause. A huit heures trente, l’infanterie japonaise attaque le front, sans succès. A neuf heures, le général Stakelberg lance sa contre-attaque. Les 2e et 3e régimens se déploient, gardant trois compagnies en réserve partielle. Le ler régiment forme la réserve générale. La ligne d’attaque s’avance par sections, formées en lignes denses de tirailleurs qui s’arrêtent de temps à autre pour exécuter des feux de salve. Mais, en quelques instans, les pertes sont telles, que toute cette tactique de terrain de manœuvre s’effondre. Les hommes ne tardent pas à former de petits essaims qui, après chaque bond, viennent se reformer en ligne. Les Russes atteignent ainsi le pied des pentes, et sont alors pris de flanc par les feux d’une certaine force de cavalerie. Ils ne peuvent aller plus loin, et restent couchés dans