Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 31.djvu/320

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Japonais ont obtenu des résultats importans en l’engageant tout entière dès le début et en l’employant en masses. A la bataille du Yalou, ils ont formé des batteries de 30 à 36 pièces et, à Vafangou, une batterie de 110 pièces fut placée au pivot du mouvement tournant. « Elle a, dit le rapport, dominé le champ de bataille. Placée en face de la droite russe, son tir d’enfilade a détruit les batteries de l’aile gauche. Les grands résultats obtenus par l’artillerie japonaise furent le résultat de la concentration des feux de plusieurs batteries sur le même objectif. Il est clair que ces dispositions tendent à augmenter les difficultés du réglage du tir. Les commandans de batterie sont constamment obligés de se tenir loin de leurs pièces. Souvent les observateurs japonais montaient dans les arbres d’où ils communiquaient à la voix avec les servans, ou encore ils se portaient à la crête masquant la batterie et se reliaient avec elle soit par téléphone soit par des signaux exécutés avec des fanions ou des disques. Les distances ordinaires de combat ont oscillé aux environs de 3 000 mètres. Aussi bien du côté russe que du côté japonais, le tir avait généralement lieu par salves de batteries. La rafale dont il a été tant parlé depuis l’adoption des pièces à recul sur affût n’a jamais pu être employée. La rapidité du tir des pièces n’est utilisée que dans des cas très rares. La difficulté du ravitaillement en munitions en est cause. Bien souvent l’artillerie des deux partis espaçait ses salves de trois minutes en trois minutes. Souvent même les intervalles étaient plus longs et il est arrivé fréquemment qu’une partie de l’artillerie de l’armée a été forcée d’arrêter son feu pendant plusieurs heures, pour ne pas épuiser complètement les sections de munitions de l’arrière. L’absence d’objectifs suffisamment distincts et la nécessité d’économiser les munitions ont fait souvent dégénérer le feu en un bombardement régulier et lent. »

Pour mieux fixer les idées sur la manière dont l’artillerie a été employée, entrons dans quelques détails. Le 9 juin 1904, le général Stakelberg est bivouaqué sur une position défensive organisée au Sud de la station de Vafangou. Il dispose de 29 bataillons, 23 escadrons, 82 pièces. Un détachement avancé, composé de la majeure partie de la cavalerie, une batterie à cheval, une brigade de tirailleurs et la 1e batterie de la 1e brigade d’artillerie s’étend de Lidiadine à Tchidiatoun, sur un arc de cercle de 6 kilomètres, et fournit les avant-postes. Les 11 et 12 juin, les