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Russes tentent l’offensive le 20 mai, dans la direction de Changtou ; deux régimens de cavalerie mettent pied à terre et attaquent le village de Changchou sur la rive droite du Liao à 13 milles au Sud de Sakoumen. Le combat dure deux heures, les Russes n’ont que des mitrailleuses et ils sont repoussés avec une perte de 300 hommes. Mais laissons les escarmouches pour examiner les opérations importantes.

Commençons par le déclarer : la cavalerie russe s’est montrée brave et active. Si, sous le rapport du combat et des renseignemens importans, elle n’a pas pu, faute d’une organisation convenable, rendre les services attendus, par contre, elle a su préserver l’armée des surprises et garder constamment le contact de l’adversaire.

Les opérations de la cavalerie du général Samzonoff après la bataille de Vafangou (Télitzé pour les Japonais) sont, à ce dernier point de vue, particulièrement intéressantes.

Rappelons sommairement la situation. La grande route mandarine qui, de Port-Arthur aboutit à Moukden, 420 kilomètres au Nord, est côtoyée par le chemin de fer de Mandchourie, unique ligne de communication de l’armée russe. Elle passe par Nannchan-Chinchou, 60 kilomètres de Port-Arthur ; Télissou, 140 kilomètres, Kaïping, 220 kilomètres, Tachichiao, 240 kilomètres, Haïcheng, 270 kilomètres, Lyao-Yang, 350 kilomètres, Chaopou, 390 kilomètres, Moukden, 420 kilomètres. La bataille de Nannchan-Chinchou, gagnée le 25 mai 1904 par le général japonais Nogi, avait coupé Port-Arthur de l’armée de Mandchourie. Avec raison le général Kouropatkine voulait abandonner Port-Arthur à son sort, concentrer ses forces vers Tachichiao, jonction des chemins de fer de Moukden-Pékin et de Moukden-Port-Arthur, pour manœuvrer entre l’armée du général japonais Okou s’élevant vers le Nord le long du chemin de fer et l’armée du général Kouroki venant de Corée et marchant sur Lyao-Yang. Des motifs encore inconnus firent abandonner ce projet, et il fut décidé que Port- Arthur serait secouru. Le général Kouropatkine fut ainsi amené à porter une partie considérable de ses forces sur Vafangou. Elles y furent attaquées les 14 et 15 juin par le général Okou et battues. Après le combat, le 1er corps sibérien s’était retiré vivement, d’abord par deux marches de nuit sur Vanzeline, puis sur Sénoutchen, et de là en deux colonnes sur Kaïping.