Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 31.djvu/303

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cependant fort en avance sur celles du continent. Elle a depuis longtemps compris qu’étant essentiellement l’arme de l'offensive, l’attaque par l’arme à feu devient son mode normal de combat, puisque l’attaque à cheval ne se présente plus que dans des cas très rares. Aussi tous les cavaliers russes sont-ils en réalité des dragons. Mais, dans cet ordre d’idées, cette cavalerie n’est pas allée jusqu’au bout des conséquences logiques. Son organisation aurait dû lui permettre d’accomplir tout ce qu’on est en droit d’exiger de l’infanterie. Quels services décisifs n’eût-elle pas rendus, si elle s’était inspirée de la cavalerie de Sheridan à Cedar Creek en 1864 ! Voyons-la à l’œuvre.

La Revue des Deux Mondes du 1er mars 1904 disait : « Si, comme il faut s’y attendre, la cavalerie doit compter avec un adversaire qui, en marche comme en station, s’enveloppe d’un rideau difficile à percer, alors elle ne pourra indiquer que le contour apparent formé par ce rideau à telle heure de la journée, sans pouvoir en déterminer la composition ni la force. A moins de faire entrer en action les autres armes, on ne peut plus lui demander davantage. » Et plus loin : « Les rideaux sont formés de groupes de combat, généralement de faibles effectifs, mais comprenant les trois armes en proportion variable suivant le terrain et les circonstances. Ces groupes tiennent tout le réseau routier dans la direction de l’ennemi et couvrent les flancs, ils créent ainsi à grande distance, autour de l’armée, une zone de sécurité très étendue, en dedans de laquelle le commandant peut déplacer les troupes, changer leur direction de marche, en un mot manœuvrer, sans que l’adversaire puisse s’en rendre compte. Les groupes de combat des ailes, que le commandement échelonne à volonté, peuvent aussi bien faciliter l’enveloppement de l’adversaire que s’opposer à ses tentatives. »

Qu’ont fait les Japonais ?

Un rapport français, daté de Lyao-Yang le 9 juillet 1904, dit : « Des détachemens mixtes de force variable forment autour de l’armée un réseau presque impénétrable à la cavalerie. Ils sont composés de 20 à 40 cavaliers, d’une demi-compagnie, une ou deux compagnies suivant le cas. Ils sont parfois pourvus d’artillerie. Dans la région montagneuse du Yalou, les Japonais occupaient ainsi tous les cols et tous les chemins. Dans le Sud, au commencement du mois de juin, ils occupaient ainsi trente-six