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vécu tant d’années, que le vicomte de Reiset a pu consulter le précieux Journal confié par M. le duc della Grazia, lire les lettres si spontanées que le Duc de Berry adressait à sa fiancée et c’est dans ces vastes salles où, depuis trente-cinq ans, sont conservés ces meubles, qui jadis ont orné les appartemens des Tuileries et les salons de Rosny, ces miniatures, ces portraits qui sont ceux de Marie-Caroline et de ses enfans ceux de ses parens les plus chers et de ses amis les plus fidèles, qu’il a évoqué son souvenir. Il revit au milieu même de tout ce qu’elle aima, de tout ce qui lui était familier. Musée incomparable, d’où sont sorties les illustrations de ce livre, comme la vérité et la précision des faits des archives du château, si riches, si complètes, qui étaient jusqu’ici restées fermées à tous, et grâce auxquelles l’historien de la Duchesse de Berry a pu faire justice de plus d’une calomnie intéressée, de ce que l’on appellerait aujourd’hui « le fait du Prince, » et qui sont de tous temps la souveraine ressource des hommes d’État. Tous ces témoignages sont appuyés par les renseignemens les plus solides, fortifiés des indications précises et des traditions les plus curieuses que M. de Reiset a reçus ou recueillis de Mgr le duc de Parme, de Son Altesse Royale Mme la comtesse de Bardi, de Mgr le comte d’Eu, ceux du comte Charles-Ferdinand de la Roche, dernier fils, encore vivant, du Duc de Berry ; de Mme Harson, ancienne lectrice de Madame, du baron de Mesnard, des comtes René de Monti, de Mefïray, René Talon, de la Rupelle, du duc Decazes, de la princesse de Montbart ; enfin par les papiers laissés par le lieutenant général vicomte de Reiset, et par tous les mémoires de l’époque.

Les illustrations sont aussi bien exécutées que le récit qu’elles accompagnent est original et attachant. De nombreuses planches en photogravure tirées en taille-douce, en camaïeu dans le texte et hors texte, reproduisent les traits de Marie-Caroline, ceux de ses ancêtres d’Autriche, les portraits de la famille du prince royal des Deux-Siciles et les principaux événemens de la vie de la Duchesse de Berry à l’Élysée-Bourbon, aux Tuileries, à Rosny, d’après les tableaux de David, Gros, de Chasselat, de sir Thomas Lawrence, de J. -B. Isabey, de H. Lecomte, de Renoux, de Dugoure, de Mme Vigée-Le Brun, de Dubois-Drahonet, de Robert Lefèvre, de Menjaud, de Hardivilliers, les aquarelles de la Duchesse de Berry elle-même, celles d’Eugène Lami, de Garneray, et les miniatures représentant la famille royale de France, peintes par la comtesse de Fordet, œuvres dont la plupart appartiennent à M. le duc della Grazia, et notamment les deux plus exquis de ces tableaux, la miniature de 1819 et le portrait peint par Mme Vigée-Le Brun vers