Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 30.djvu/889

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de presque toutes les caisses diocésaines, puisque leur capital doit être en rentes 3 pour 100 nominatives. Laissera-t-on ces caisses libres de fonctionner comme par le passé ? Des règlemens d’administration publique ne viendront-ils pas, postérieurement à la loi, porter un intérêt peut-être trop direct à ces institutions ? Il nous semble que la situation de ces caisses est loin d’être brillante et que les évêques qui en ont la responsabilité doivent chercher à garantir les capitaux qu’elles possèdent. Nous indiquerons plus loin un moyen qui nous semble digne d’être employé, car il a déjà donné de bons résultats.

Quant à la Caisse nationale des retraites ecclésiastiques, son existence semble directement menacée par la séparation. Si l’on supprime le budget des Cultes, il va sans dire qu’on supprimera la subvention qui était affectée à cette caisse et qui représentait son principal revenu. La dotation qui lui a été faite conservera-t-elle cette affectation ? Verra-t-on cette nouvelle dérogation au principe de la séparation : l’État, par l’intermédiaire de la Caisse des Dépôts et Consignations, obligé de donner des secours au clergé catholique, qu’il prétend ne plus connaître, et faire servir à cet usage une somme si nettement affectée comme « reconnaissance de la dette du pays à l’égard de l’Église, » par le gouvernement de Napoléon III ?

Le spectacle ne manquerait pas de piquant, mais il est à craindre sur ce point encore qu’un décret d’administration publique, sinon une loi, ne viennent apporter leurs prévoyantes prescriptions.

Le millier de prêtres, aujourd’hui bénéficiaire de secours, ne perdra peut-être pas le seul moyen d’existence qu’il possède, mais ceux qui disparaîtront ne seront probablement pas remplacés.

Cette institution, dans les temps actuels, offre donc, moins que jamais, une espérance aux vieux serviteurs du culte catholique. Il n’y avait déjà pas lieu de compter sur elle. Il est juste aujourd’hui de ne pas y compter du tout, sous peine de s’aventurer vers d’amères désillusions.


L’avenir du clergé est donc en ce moment en présence d’incertitudes plus grandes qu’à aucune période de l’histoire que nous avons sommairement parcourue.

La loi de la séparation prévoit bien des pensions pour les prêtres actuels, et encore la plupart de ces pensions sont