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situation et ne s’occupèrent plus des prêtres âgés et infirmes. À cette époque pourtant, le gouvernement administrait des biens ecclésiastiques non vendus par la Révolution, réservés par le Concordat et dont il retirait, d’après le jurisconsulte André, un revenu estimé en 1869 à 50 millions. Ce n’est donc pas le côté financier qui pouvait rendre impossible une amélioration à l’avenir de tant de « pauvres prêtres. »

En 1848, il fut question d’établir une Caisse de retraites pour les membres du clergé. Cette époque vit beaucoup de projets et peu de réalisations ; celui-ci resta sous la forme de pensée généreuse. Ce sera le second Empire, qui, mieux que les Rois très chrétiens, cherchera à s’intéresser aux vieux serviteurs de l’Eglise et répondra aux sollicitations qui avaient assiégé Napoléon Ier.


Depuis que le Prince Louis Bonaparte était au pouvoir, il s’était vivement préoccupé de la question des retraites. En 1850, par un décret du 18 juin, il avait fondé la « Caisse générale des retraites, » qui prit, en 1886, le titre de « Caisse Nationale des retraites pour la vieillesse » qu’elle possède encore aujourd’hui. Un peu plus tard, le 27 mars 1852, 10 millions étaient accordés à la constitution d’un fonds de dotation pour les Sociétés de secours mutuels. Le 26 avril 1856, l’Empereur établissait le fonds commun inaliénable des retraites mutualistes ; idée excellente peut-être, à ses débuts, mais qui produit en ce moment les plus funestes conséquences parmi nos Sociétés de secours mutuels. Une telle création coïncidant avec la naissance du Prince Impérial, Napoléon III accordait aux vieux mutualistes une somme de 500 000 francs, prise sur sa cassette particulière. Il n’est donc pas étonnant que M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique et des Cultes, ait été chargé de rédiger un rapport sur les moyens de venir en aide aux prêtres âgés et infirmes. Après avoir montré comment pouvait fonctionner une Caisse générale de retraites ecclésiastiques, le ministre achève son rapport par ces mots : « Établie sur les bases qui viennent d’être définies, la Caisse des retraites du Clergé répondra, je l’espère, aux intentions généreuses de Votre Majesté. Autant que le permettent les intérêts du Trésor, vous aurez, sans compromettre la discipline ecclésiastique, acquitté la dette du pays envers les vieux serviteurs de l’Église et de l’Etat. »